• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

La Suisse assèche ses zones humides

Pour bien démarrer la nouvelle année, l’indice de performance environnementale (EPI) 2020 de l’Université de Yale permet de se remettre les idées en place. Par Marie Owens Thomsen

Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
07 janvier 2021, 14h41
Partager

La Suisse s’y classe au 3e rang parmi 180 pays étudiés, devancée uniquement par le Danemark et le Luxembourg. L’Allemagne, par exemple, se trouve 10e dans le classement, les Etats-Unis 24e, et la Chine 120e, pour en nommer quelques-uns. Evidemment, la Suisse peut en être fière.

L’indice est composé de 32 indicateurs de performance regroupés en 11 catégories, mesurant la santé environnementale du pays en question, ainsi que la vitalité de son écosystème. En regardant ces indicateurs un par un, on découvre que malgré la belle performance de la Suisse, il y a clairement des domaines où le pays peut mieux faire.

En matière d’émissions de gaz à effet de serre par habitant, la Suisse occupe le 108e rang. Elle fait pire concernant la préservation des zones marécageuses, cruciales pour les cycles de l’eau et du carbone, en se classant 144e. Ce dernier indice calcule la perte moyenne de ces zones en utilisant des données de l’Agence spatiale européenne (ESA).

Des chercheurs de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ont constaté une perte dramatique de ces zones d’au moins 90% sur les dernières 150 années dans la région de Zürich et dans l’est du pays. Autrefois connectées, elles sont désormais fractionnées en parcelles distinctes, limitant donc les échanges dynamiques entre populations. La valeur économique des zones humides intérieures a été estimée cinq fois plus élevée que celle des forêts tropicales, leur restauration ne pourrait pas être plus urgente.

Concernant les émissions de gaz à effet de serre par habitant, la Suisse a beau faire mieux que les principales économies mondiales telles que la Chine (137e), l’Allemagne (144e) et les Etats-Unis (167e), son objectif de réduction de 20% des émissions en 2020 par rapport à 1990 ne sera probablement pas atteint selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Ce dernier constate également que depuis 1864, la température moyenne a augmenté de 2°C en Suisse, soit une augmentation deux fois supérieure à la moyenne mondiale.

La Suisse a adopté en novembre dernier une ordonnance qui sauvegarde les mesures de protection du climat en vigueur jusqu’à la révision totale de la loi sur le CO2, sensée rentrer en vigueur à partir de 2022. La question sera probablement soumise au peuple lors d’une initiative populaire. Il faut espérer que le peuple aura envie de gérer par l’exemple comme il en incomberait au pays au 2ème PIB par habitant le plus élevé au monde.