La «croissance douce», ou la «soft growth», implique de trouver des moyens innovants afin de se développer sans compter sur la méthode traditionnelle de l'augmentation de la capacité de production. Au lieu de cela, cette croissance se concentre sur le développement des facteurs économiques favorables à la nature, à l’homme et à la société. Tout en restant compétitif sur le marché mondial, il s’agit de favoriser la qualité et la production durable, et non plus la quantité au bas prix.
Cette doctrine nouvelle émerge d’une situation de multicrises: la crise climatique; l’après pandémie; l’affaissement démographique dans des pays européens, comme l’Allemagne ou l’Italie, ou asiatiques, comme le Japon et la Chine. Sans oublier la montée en puissance de concepts comme l’économie circulaire ou encore l’économie de proximité.
Un facteur économique joue un rôle déterminant dans l’évolution économique de ce changement, c’est celui de la fin de l’ère de l’énergie «bon marché». Il n’y a pas de doute à avoir. L’énergie est une des clés de lecture du changement.
Une énergie coûteuse pour toujours
Finies les énergies en quantité abondante et bon marché: gaz russe, électricité nucléaire, pétrole de schiste américain… Désormais, le coût de l’énergie sera une composante importante des coûts de production. Et à l’image des «data centers», les entreprises vont se rapprocher des sources d’énergie encore abordables et surtout chercher à exploiter au maximum leur potentiel d’autoconsommation. Il va falloir en tenir compte au niveau du politique dans l’élaboration des futures conditions-cadres.
L’autre facteur que l’on peut et doit prendre en compte c’est l’efficacité de l’usage des énergies. Aujourd’hui on gaspille. On doit pouvoir faire mieux du point de vue technologique aussi. En effet, pourquoi nos appareils électriques restent en veille alors qu’en un seul «clic» ils s’allument (ils n’ont plus besoin de chauffer avant de démarrer… on n’est plus à l’époque des chauffeurs!). Par ailleurs, l’éclairage et le chauffage pourraient devenir plus intelligents partout! Bref, il y a de quoi faire.
Une économie en émergence
Plus important cependant consisterait à mettre en place les bases d’une économie de la croissance douce pour lesquels les moteurs classiques du développement technologique et des subventions, là où cela est nécessaire, pourraient accélérer les choses. Passer de la quantité au plus bas prix à la production durable et à la qualité s’organise.
Il y a évidemment d’autres facteurs à prendre en compte, par exemple:
1. En poussant vers la qualité, les industriels ont toujours pu vendre plus cher. Cela a comme résultante d’augmenter les marges, sans devoir forcément produire plus. Le glissement de l’industrie horlogère vers la haute horlogerie est un cas d’école exemplaire à cet égard.
2. Dans des pays à décroissance démographique le danger est la «stagflation», c’est-à-dire une stagnation du PIB et une inflation, marquée par une hausse continue des prix. Le Japon se trouve à nouveau dans cette situation. Cela rend les choses très difficiles pour tout le monde, tant sur le plan économique que social. Une approche de croissance douce, plus économe sur des facteurs de coûts pesants, pourrait contribuer à limiter ce risque.
Sur un plan macroéconomique, la «soft growth» apparaît donc comme une solution émergente pour renouveler le paradigme économique et le contrat social qui lui est associé.