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La fiscalité vaudoise trop lourde à tous les échelons

Mettre en place des impôts attractifs n’implique en rien une remise en cause des prestations de l’Etat. Par Claudine Amstein

«Un couple marié avec deux enfants et gagnant au total 80.000 francs par an est taxé davantage qu’en Valais, à Genève et à Zurich.»
Keystone
«Un couple marié avec deux enfants et gagnant au total 80.000 francs par an est taxé davantage qu’en Valais, à Genève et à Zurich.»
Claudine Amstein
Directrice - Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie
08 avril 2022, 7h00
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La bonne santé qu’affiche l’économie vaudoise depuis des année profite aux salariés. Dans le Canton, le salaire médian – 50% de la population gagne moins et 50% gagne plus – a ainsi progressé de 3,5% depuis 2018, a communiqué récemment Statistique Vaud. La croissance réelle des salaires, qui atteint 6,2% en dix ans, a par ailleurs permis un élargissement de la classe moyenne. Ces progressions, pour réjouissantes qu’elles soient, ne doivent pourtant pas être anéanties par une fiscalité trop élevée, qui reste malheureusement une spécificité vaudoise.

La classe moyenne? En 2019, selon des chiffres officiels, elle se composait, pour les personnes seules, de celles et ceux qui gagnaient entre 3937 francs et 8436 francs (revenu brut par mois). Et pour les couples ayant deux enfants, des ménages qui gagnaient entre 8268 et 17.716 francs. La palette est donc plutôt large. Et n'allez pas croire que le canton de Vaud taxe davantage la classe moyenne dite «supérieure». Des études comparatives, comme celle que publie la CVCI tous les deux ans, démontrent que quel que soit son niveau de revenu, le contribuable vaudois figure parmi les plus imposés du pays.

Une classe vraiment «privilégiée»?

Ainsi, un couple marié avec deux enfants et gagnant au total 80.000 francs par an est taxé davantage qu’en Valais, à Genève et à Zurich par exemple. On ne peut guère le qualifier d’aisé. Il en va de même pour un couple gagnant 150.000 francs d’ailleurs. La classe moyenne d’aujourd’hui n'a donc plus grand-chose à voir avec celle d’hier, car dans les faits, elle est aussi celle qui bénéficie le moins des prestations sociales. Ainsi, un jeune couple qui a deux enfants et qui gagne «bien» sa vie se retrouve sans aide et doit assumer seul des charges comme les frais de crèche, l’accueil pour enfants en milieu scolaire et les assurances maladie. Peut-on vraiment parler de classe «privilégiée»? La problématique d'une fiscalisation trop gourmande est donc globale et concerne pratiquement toutes les couches sociales.

Le barème d’imposition vaudois n’a pas évolué depuis 1987, mais le salaire médian, lui, a bien sûr progressé. Il est passé de 5087 francs en 1998 à 6490 francs en 2020, alors que la taxation est restée la même. Sa progressivité n’est plus adaptée au monde d’aujourd’hui: c’est pourquoi l’imposition des personnes physiques doit être revue à la baisse afin de revaloriser le pouvoir d’achat de l’ensemble de la classe moyenne.

Adopter une fiscalité attractive n’implique en rien une remise en cause des prestations de l’Etat. Dans un contexte global pour le moins instable, qui menace de fragiliser notre attractivité dans les années à venir, les autorités doivent veiller à garder sur leur sol celles et ceux qui permettent au Canton de fonctionner. Oui, le canton de Vaud a tout à gagner en rapprochant son niveau d’imposition de celui de la moyenne suisse. Il serait irresponsable de sacrifier la progression réjouissante des rétributions de la classe moyenne sur l’autel de barèmes inadaptés aux réalités actuelles.