• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

La durabilité des textiles

L'industrie de la mode est à elle seule responsable de 10% des émissions mondiales de carbone, soit plus que les vols internationaux et le transport maritime réunis. Par Marie Owens Thomsen

Les tissus synthétiques tels que le polyester, l'acrylique, le nylon, le spandex et l'acétate sont fabriqués à partir de combustibles fossiles non renouvelables.
Keystone
Les tissus synthétiques tels que le polyester, l'acrylique, le nylon, le spandex et l'acétate sont fabriqués à partir de combustibles fossiles non renouvelables.
Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
04 novembre 2021, 20h30
Partager

L'industrie de la mode est à elle seule responsable de 10% des émissions mondiales de carbone, soit plus que les vols internationaux et le transport maritime réunis. Bien que chaque étape de la production pollue l’air, l’eau et provoque également de la pollution sonore, la finition reste l’étape la plus problématique. Cette dernière utilise de manière intensive des colorants et produits chimiques.

En effet, les tissus synthétiques tels que le polyester, l'acrylique, le nylon, le spandex et l'acétate sont fabriqués à partir de combustibles fossiles non renouvelables. Ensemble, ils représentaient 63% de la fabrication des textiles en 2019 dont 52% pour le polyester à lui seul. Le recyclage des textiles est très faible, à peine 1% de tous les textiles est recyclé et réutilisé. Quant au polyester, environ 14% provient de matériaux recyclés, principalement de bouteilles en plastique PET.

Alors que le coton, la laine et la soie se biodégradent complètement en quelques mois voire maximum en quelques années, le polyester met des centaines d'années à se biodégrader entièrement. Avant que cela ne se produise, il se dégrade en petites microfibres. Ces microfibres se détachent de certains types de vêtements dans l'air lorsque nous les portons, d’autres s'écoulent dans nos cours d'eau depuis nos machines à laver. Ainsi, nous les mangeons, respirons et même buvons. On estime que nous ingérons l'équivalent d'une carte de crédit de microplastique chaque semaine.

En tant que consommateur, il n’est pas toujours facile de connaître les origines des textiles que nous achetons. La labellisation par un organisme certificateur indépendant peut aider, comme par exemple, le Global Recyled Standard (GRS), le Global Organic Textile Standard (GOTS), ou encore l'Ecolabel de l’Union européenne. Il existe bien sûr également des classements des marques de mode selon leur dégré de durabilité. Néanmoins, les consommateurs doivent garder un esprit critique dans ce contexte. Même si le polyester recyclé consomme 59% moins d'énergie à produire que le polyester vierge, il nécessite toujours plus d'énergie que le chanvre, la laine et le coton biologique et ordinaire, selon un rapport de 2010 du Stockholm Environment Institute. En outre, selon la revue Environmental Science Technology, les microfibres représentaient 85% des débris d'origine humaine sur les rivages du monde entier. Peu importe que les vêtements soient en polyester vierge ou recyclé, ils contribuent tous deux à la pollution engendrée par les microplastiques.