A Genève, l’année 2022 sera apparemment exceptionnelle pour les finances publiques. D’après les révélations de plusieurs médias, le canton enregistrerait un excédent record dépassant le milliard de francs. Ce montant – qui signifie que les revenus, notamment ceux issus des recettes fiscales, ont dépassé les charges — se veut tout simplement extraordinaire et encore jamais obtenu.
Par effet de domino, la situation s’avère tout aussi réjouissante pour de nombreuses communes, dont la Ville de Genève, qui devrait boucler ses comptes 2022 avec un excédent avoisinant les 150 millions de francs. Un résultat qui, selon la presse locale, n’avait plus été atteint depuis treize ans dans la Cité.
Les comptes 2022 de l’Etat, attendus pour le 30 mars prochain, seraient notamment dopés par les recettes issues de l’imposition de personnes morales en forte augmentation.
Au-delà du résultat, l’exercice 2022 démontre avant tout la force du tissu économique genevois qui se caractérise par la multitude des secteurs qui le composent. Cette diversité lui permet de mieux résister aux crises économiques, car il est rare que tous les secteurs soient impactés en même temps et avec la même force.
La chimie et la pharma ont souvent agi comme un coussin de sécurité lors des ralentissements conjoncturels
Arnaud Bügin
Ainsi, la chimie et la pharma, par exemple, ont souvent agi comme un coussin de sécurité pour l'économie genevoise lors des ralentissements conjoncturels. Les services bancaires et financiers, les sociétés de contrôles et de certification ainsi que le négoce de matières premières ont permis au canton de résister face à la pandémie. Et l’horlogerie a, quant à elle, lancé la dynamique de la reprise.
Genève bénéficie ainsi d’un tissu économique solide qui génère des recettes fiscales considérables, vitales pour les finances publiques. Mais il est également important de rappeler que la plupart de ces sociétés sont détenues en mains privées et que leurs dirigeants sont également de grands contributeurs à cet excédent de recettes fiscales.
Il convient donc garder cela à l’esprit, à l’aune des votations du mois de juin prochain et plus particulièrement face à l’IN 185 qui vise à augmenter de 50% l’impôt sur la fortune des contribuables détenant un patrimoine de plus de 3 millions. Le résultat de ce vote aura, en cas d’acceptation, un impact sur les grands entrepreneurs de notre canton et donc, par ricochet, sur ces entreprises qui font notre prospérité.
En effet, sur les 200 millions de recettes fiscales escomptées, dont manifestement nous n’avons pas besoin, les deux tiers (133 millions) seront payés par des entrepreneurs. Ceux-là mêmes qui sont à la tête de ces grandes entreprises. A l’heure du choix, il sera important de garder cet élément en tête, car il en va de notre prospérité et donc de la qualité de vie de la population genevoise qui bénéficie directement de ces recettes fiscales extraordinaires.