Tout a commencé cet été par une offensive américaine pour le développement sur sol américain d’une industrie innovante et forte. «L'Inflation reduction act» (IRA) est en effet un texte de loi débloquant 420 milliards de dollars d'investissements, dont 369 pour le climat, pour l'industrie «made in USA». Du protectionnisme! Cette loi prévoit en effet des réformes favorisant les entreprises implantées aux Etats-Unis, notamment dans les secteurs des véhicules électriques, des batteries, des énergies renouvelables, de l'hydrogène ou encore plus généralement de la «Tech», synonyme de digital.
L’Europe s’est alarmée de cette offensive américaine qui déséquilibre la concurrence. Et nous en Suisse, ne devrions-nous pas faire pareil et chercher rapidement des solutions? Après les délocalisations du travail industriel vers la Chine de ces dernières décennies, voici pointer une nouvelle menace du côté américain. Comme cette loi vise à aider les entreprises innovantes implantées sur sol américain, cette menace due à un déséquilibre est à prendre au sérieux pour la place industrielle suisse.
L’administration américaine a une longue habitude de financer le privé
L’administration américaine a une longue habitude de financer le privé, soit à travers des programmes d’armement de l’armée, la NASA ou encore plus généralement l’innovation. Des programmes comme SBIR (Small business innovation development act, 1982) ont même été dédiés aux petites et moyennes entreprises. Cette tradition a permis d’orienter la recherche et le développement dans le pays vers l’automobile, l’aviation, le spatial, l’électronique ou l’informatique, etc.
Ce qui diffère aujourd’hui, c’est le soutien à l’implantation d’industries. Les Américains ne vont pas financer que la recherche mais aussi les usines et la production sur leur sol. C’est un combat pour la place industrielle qui débute.
Alors comment réagir?
Ces dernières décennies, le tissu industriel suisse est resté fort malgré la compétition de l’Extrême-Orient, Chine en tête. Trois secteurs ont principalement tiré la Suisse dans cette lutte mondiale: la pharma, la machine-outil et l’industrie du luxe à travers l’horlogerie.
Mais avec la modernisation, au pas de charge, imposée par la quatrième révolution industrielle (industrie 4.0), la Suisse et son tissu très dense de PMI sont en danger. Il faut agir pour maintenir la compétitivité des entreprises suisses sous pression du franc fort, avec un programme du type SBIR favorisant les subventions directes et indirectes, pour une innovation et une recherche appliquée créatrice de valeurs ajoutées. Et non pas faire comme l’Unoon européenne qui temporise.
C’est le moment de changer notre fusil d’épaule parce que l’avenir se jouera au niveau de nos petites et moyennes industries
C’est donc le moment de détourner notre attention trop portée sur les start-up pour s’intéresser à l’industrie PMI; c’est le moment de changer notre fusil d’épaule parce que l’avenir se jouera au niveau de nos petites et moyennes industries. L’Amérique montre le chemin à suivre et Il n’y a pas de doute à avoir. Il faut aider les PMI à franchir le pas de la quatrième révolution industrielle pour garantir leur avenir et notre avenir dans une compétition mondiale féroce.
Et c’est aux politiques de changer de paradigme. L’industrie 4.0, celle des machines autonomes et celle de l’IA (intelligence artificielle), plus que celle de l’automation et des robots, permet d’améliorer les performances et d’envisager de nouveaux modèles d’affaires. Mais la démarche est complexe à réaliser et demande des moyens que les PMI suisses n’ont pas aujourd’hui.
Ayons maintenant le courage de repenser notre système de soutien à l’innovation.