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Il n’y a aucun avenir pour l’électricité verte sans stockage

Ni le Conseil fédéral ni les Chambres ne se demandent comment gérer la production intermittente de courant renouvelable. Un élément pourtant crucial en cas de pénurie. Par Xavier Comtesse

«On peut stocker de la gravité, par exemple en faisant monter l’eau dans les barrages ou dans des tours à béton comme le proposent les Tessinois de Energy Vault.»
KEYSTONE
«On peut stocker de la gravité, par exemple en faisant monter l’eau dans les barrages ou dans des tours à béton comme le proposent les Tessinois de Energy Vault.»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
20 septembre 2022, 12h00
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Le Signal nous vient d’Australie: Tesla a installé dans ce pays plus de 33.000 batteries (PowerWall) surtout dans les habitations individuelles et détient ainsi le tiers du marché derrière les chinois de CATL. Après avoir installé un nombre impressionnant de panneaux photovoltaïques (PV) d’une puissance totale de 15 GWh (soit 40% de la production des barrages suisses qui est, doit-on le rappeler, de 37 GWh) les Australiens se tournent maintenant vers les batteries!

Normal. Quand vous produisez beaucoup d’électricité d’origine solaire, il faut obligatoirement la stocker car l’injecter dans le réseau électrique ne suffit plus parce que ce dernier ne peut plus l’absorber au moment des pointes d’exposition solaire. L’électricité ainsi produite est perdue. C’est un problème général avec les énergies renouvelables qui ne produisent que par intermittence quand il y a du soleil pour le photovoltaïque et du vent pour l’éolien. Les Australiens ont commencé par les panneaux avant de réfléchir au stockage notamment avec des batteries car ils ne possèdent que peu de barrages dans lesquels ils pourraient (re)pomper l’eau comme réserve énergétique comme on le fait en Suisse.

L’exemple australien, même si le pays n’est pas comparable à la Suisse ni en termes de grandeur territoriale, ni en population et encore moins au niveau climatique, montre quand même un raisonnement typique des nations: d’abord on pose des panneaux avant de réfléchir puis survient la question du stockage.

Faisons une proposition: un plan Wahlen* pour l’autosuffisance électrique

Xavier Comtesse

C’est comme si personne ne semble voir venir la chose: le stockage de l’électricité est le principal problème des énergies renouvelables.

Heureusement: il existe de nombreuses solutions. On peut stocker de la gravité (par exemple en faisant monter l’eau dans les barrages ou dans des tours à béton comme le proposent les Tessinois de Energy Vault). On peut stocker de la chaleur (enfouir de l’eau chaude dans le sous-sol comme les danois l’on fait à Marstal). Mais surtout on peut installer des batteries de manière individuelle (par exemple le PowerWall d’Elon Musk) ou collective (sorte de cloud à électron comme la Province de l’Ontario l’expérimente).

Ce qui est curieux c’est qu’en Suisse le débat politique sur cette question des nouvelles méthodes de stockage ne semble pas passionner les foules. Pire encore, ces dernières semaines, ni le Conseil fédéral, ni les chambres n’ont évoqué la notion de stockage de l’électricité qui est pourtant la pierre angulaire de tout bon système. Il n’y a aucun avenir pour l’électricité verte sans stockage.

Faisons une proposition: un plan Wahlen* pour l’autosuffisance électrique qui favoriserait non seulement l’installation des panneaux solaires mais en même temps des batteries de stockage pour chacun.

*Rappel: Le Plan Wahlen est un programme d’autosuffisance alimentaire mis en place en 1940 par la Suisse pour pallier la pénurie de ressources et de matières premières vitales et qui prévoyait que chacun pouvait accéder à la production alimentaire.