La Suisse a subi l’électrochoc du risque de pénurie d’électricité. La météo de cet hiver nous a fait éviter le pire. Mais miser sur les hasards de la météo serait inconscient, tant le problème de l’électricité hivernale est loin d’être résolu. Nos objectifs pour la sécurité d’approvisionnement et la neutralité climatique sont indiscutables, l’avenir énergétique sera renouvelable et décarboné. Selon ce scénario, l’abandon des énergies fossiles va entraîner d’ici à 2050 un besoin supplémentaire en électricité d’au moins 35 TWh, permettant une augmentation massive de l’efficacité énergétique globale.
Il est donc urgent de développer la production indigène, premier pilier de la sécurité d’approvisionnement. Nous le savons depuis plus de dix ans, mais une résistance idéologique persiste et prolonge le statu quo, synonyme de régression et danger.
Avec l’acte modificateur unique, le Parlement est à bout touchant de livrer une loi traçant les contours d’un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables. Il pose les bons jalons politiques, permettant de parer au plus pressé en matière climatique et énergétique. Ses projets d’offensives solaire et éolienne doivent être mis en œuvre rapidement, sans oublier le réseau – deuxième pilier de la sécurité d’approvisionnement – dont la synchronisation doit se faire au rythme du développement de la production. L’installation photovoltaïque alpine ne peut pas fournir d’électricité si le réseau nécessaire est bloqué dans des procédures d’autorisation durant des années. Une «offensive réseau» est donc indispensable, au plus tard dans le projet d’accélération des procédures.
Quant à la coopération avec l’Europe, elle est le troisième pilier décisif. L’autarcie serait illusoire et financièrement impensable. Irrésolu dans l’acte modificateur unique, cet enjeu reste une vraie épée de Damoclès sur nos têtes.
Nous voulons sortir la Suisse des contraintes, échouer n’est pas une option
Michael Franck
L’efficacité est le quatrième pilier de la sécurité d’approvisionnement. Elle doit massivement augmenter, y compris un pas vers la sobriété. La branche électrique s’engage depuis des années et les instruments existent. Les conventions d’objectifs, appels d’offres ou autres prescriptions d’efficacité ont fait leurs preuves au niveau de l’économie. Si le défi est plus grand chez les ménages, la branche est prête à envisager des obligations en matière d’efficacité. Par souci de compromis, je peux m’imaginer de développer des incitations tarifaires où l’efficacité sera récompensée. Plus les mesures s’orienteront vers le principe de causalité, plus la contribution de chacun sera possible.
Il faut adopter rapidement l’acte modificateur unique et ne pas le surcharger d’intérêts particuliers supplémentaires. Le faire reviendrait à assumer l’échec de toute la loi et mettre en danger les objectifs à long terme. Nous voulons sortir la Suisse des contraintes, échouer n’est pas une option.