La voiture «sans conducteur» a été le symbole de la percée de l’intelligence artificielle (IA). Même si ce rêve s’est révélé difficile à concrétiser, les premiers prototypes fonctionnent et nos voitures modernes se sont largement automatisées grâce aux avancées technologiques d’une IA encore limitée. L’arrivée d’une nouvelle génération d’IA, basée sur des générateurs de textes comme ChatGPT, Bard et Alpaca, incite à se demander quelle serait la représentation emblématique de ces IA incroyablement efficientes.
Nous proposons l’image de l’entreprise «sans employé».
Pourquoi ne pas avancer une telle idée? Une entreprise «sans employé». Une «Ich AG» où chacun serait propriétaire de toutes sortes d’activités rentables, mais exécutées que par des «bots» des «ChatGPT», générés par l’IA. Si les «Google Car» avec leurs drôles de capteurs sur le toit déambulaient de manière autonome dans les rues de San Francisco, les «Ich AG» envahiraient les registres de commerce sans occuper ni bureaux, ni personnes; ne resteraient alors qu’une vision entrepreneuriale et des transactions!
La question n’est pas tellement de savoir si cela va exister mais de comprendre comment y faire face. Cette évolution prendra des proportions telles que deux économies vont réellement devoir se côtoyer; l’une avec du personnel, des bureaux; l’autre sans aucun employé. A la manière des voitures avec ou sans chauffeur, ce n’est donc pas une idée fumeuse que nous formulons ici mais bien un futur tout à fait envisageable.
Quelles seraient les principales conséquences de cette évolution?
D’un côté, on verrait apparaître de tels gains de productivité que les entreprises classiques auront de la peine à suivre et devront tôt au tard se réformer radicalement. Et d’autre côté, on verrait des hordes de gens sans travail qui devront aussi s’adapter en créant leurs propres sources de revenus par bots interposés. C’est la plus grande révolution du travail jamais envisagée par l’homme.
Est-ce totalement utopique?
A vrai dire à l’heure actuelle: encore un peu. Mais quand les «Auto GPT» et autres «AgentGPT» auront montré leur pouvoir d’agir de manière autonome, alors les activités professionnelles tertiaires seront remplacées par des bots dédiés. Il en sera fini du travail ou en tous les cas pour d’innombrables types de travaux. Les emplois agricoles ont été remplacés par d’autres activités. Mais cette transformation s’est faite sur plusieurs générations. La transition liée à l’IA sera infiniment plus rapide et difficile à digérer.
Le Jardin d’Eden se profile-t-il enfin?
Pas sûr car, d’une part, tout le monde n’accédera pas si facilement à ce statut de «Ich AG» et, d’autre part, certains métiers ne seront jamais remplacés par des bots. Longue vie aux plombiers! Mais ce qui est certain, c’est que l’on va assister à un grand chambardement. La société et ses institutions ne vont pas s’en sortir indemnes, ni nous d’ailleurs. Une question fondamentale devrait être débattue rapidement: Quel chemin collectif emprunter dans une société avec si peu de travailleurs? Survivrons-nous à une société sans travailleur? Il est urgent de réfléchir aux implications pratiques de l’autogestion rapide et profonde de l’entreprise. Il en va de notre bien-être collectif.