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Genève n’a pas les moyens. Vraiment?

Nettoyer les salles de classe serait devenu trop cher, malgré le milliard de francs de recettes supplémentaires perçues en 2012. Par Stéphanie Ruegsegger

«Que ce soit celui de Neuchâtel, du Jura, d’Argovie ou encore de Schaffhouse, tous ont soit accepté une baisse de l’impôt, soit rejeté une hausse lors des votations de dimanche.»
Keystone
«Que ce soit celui de Neuchâtel, du Jura, d’Argovie ou encore de Schaffhouse, tous ont soit accepté une baisse de l’impôt, soit rejeté une hausse lors des votations de dimanche.»
Stéphanie Ruegsegger
FER Genève - Directrice politique générale
19 mai 2022, 20h20
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Dans une récente étude du BAK (2020), mandatée par l’Etat de Genève, on apprenait que les dépenses du canton étaient de 88% supérieures à la moyenne suisse. Certes, les effets structurels liés aux caractéristiques notamment urbaines du canton expliquent une partie de la différence (36%). Mais il n’empêche, le canton reste particulièrement dépensier. Il dépense près de 300 millions de francs de plus que nécessaire chaque année. Et cela grimpe à près de 800 millions si l’on ajoute les communes.

Le canton a donc de l’argent, de toute évidence. Il en a même largement plus que les autres, puisque sa capacité financière est de 67% supérieure à la moyenne suisse. Il n’est pas davantage en manque de personnel puisqu’il pointe au deuxième rang en termes de nombre de fonctionnaires pour mille habitants et paie même près du double de la moyenne suisse pour les charges salariales. Soutenir que Genève n’a pas les moyens de procéder au nettoyage annuel des classes de cours est donc faux, factuellement. Et ridicule, voire honteux politiquement.

Persister dans l’erreur pourrait coûter cher à Genève

Mais le canton n’est pas le seul à nier sa richesse et son train de vie particulièrement dispendieux. La gauche et ses alliés syndicaux estiment également que l’on ne presse pas suffisamment le contribuable, et que cela doit profiter en priorité à la fonction publique. C’est ainsi qu’ils ont lancé deux initiatives, dont on peut louer la cohérence, à défaut de la pertinence. La première demande que les dividendes de certaines entreprises soient davantage taxés, faisant éclater au passage les corrections acceptées par les citoyens pour atténuer les effets de la double imposition économique.

La seconde vise à fabriquer chaque année de nouveaux emplois publics, en fonction du taux de chômage moyen de l’année précédente. En clair, pour un taux de 5%, mille emplois supplémentaires sont créés à l’Etat, pour un coût évalué à 100 millions de francs par an. Et on réitère l’exercice chaque année, ad vitam aeternam. Une machine infernale aux effets exponentiels, qui va coûter cher au citoyen du bout du lac, qui paie déjà plus que tout autre Suisse pour sa fonction publique.

Une charge fiscale plus lourde qu'ailleurs

Il serait temps que l’on revienne à un peu de raison. Genève est déjà le canton de Suisse qui exploite le plus son potentiel fiscal, ce qui signifie que la charge fiscale y est plus lourde que partout ailleurs. Les autres cantons ont compris qu’on ne peut presser indéfiniment le contribuable. Que ce soit celui de Neuchâtel, du Jura, d’Argovie ou encore de Schaffhouse, tous ont soit accepté une baisse de l’impôt, soit rejeté une hausse lors des votations de dimanche. Si Genève devait augmentait encore ses charges et ses impôts, il pourrait passer la ligne rouge, en perdant de précieux contribuables qui permettent d’entretenir son train de vie et surtout en léguant un lourd fardeau de dettes aux générations à venir.