Il y a ceux qui ont dit non à Frontex au Parlement et qui ont lancé le référendum. Et ceux qui ont dit oui lors des débats aux Chambres fédérales, mais qui ont retourné leur veste pour le débat démocratique. Une alliance contre-nature entre la gauche et les anti-européens habituels met en péril notre sécurité.
Frontex est l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes, qui a pour mission de contrôler les frontières de l’espace Schengen. Créée en 2004, elle est un instrument de l’espace Schengen, auquel la Suisse est associée. Un nouveau règlement propose d’augmenter la sécurité des frontières extérieures de cet espace pour mieux lutter contre la criminalité transfrontalière et les migrations illégales, en renforçant les moyens dédiés à l’agence. La Suisse élèverait sa participation financière de 24 millions de francs à 61 millions, et affecterait du personnel supplémentaire aux missions de Frontex, soit au maximum 40 agents. A priori, le sujet ne devrait pas poser problème. Sauf que…
Au Parlement, la gauche a reproché à Frontex de faire la chasse aux migrants. Les anti-européens y trouvent un nouvel angle d’attaque pour s’opposer aux relations entre la Suisse et l’Union européenne.
La Suisse élèverait sa participation financière de 24 millions de francs à 61 millions
Aujourd’hui, on se retrouve dans une configuration qui menace notre participation à Schengen. Car un non à Frontex mettra en route le mécanisme de résiliation automatique à l’accord de Schengen et, partant, à celui de Dublin (qui traite de l’asile), qui lui est juridiquement lié.
Dans les six mois, la Suisse sera hors du jeu, alors qu’elle tire un bénéfice direct de ces accords. Chaque jour, la coopération entre autorités policières et judiciaires et l’accès au système d’information Schengen (SIS) permet de signaler à notre pays entre 40 et 60 personnes potentiellement dangereuses. Le système d’information sur les visas (SIV) permet de savoir si une personne s’est vu refuser l’accès au territoire d’un Etat membre. Les visiteurs extra-européens n’ont pas besoin d’un nouveau visa pour visiter la Suisse après être passé par l’espace Schengen. L’accord de Dublin garantit quant à lui le principe du premier pays d’accueil, qui est responsable du traitement de la demande d’asile. Cela évite à la Suisse d’entrer en matière sur des dossiers déjà traités par un autre Etat.
L’alliance contre-nature des opposants à Schengen pourrait coûter cher. En termes de sécurité, que la Suisse devrait assurer seule pour un coût plus élevé et une efficacité moindre. En termes économiques, avec un impact sur certains secteurs, comme le tourisme, et des contrôles supplémentaires aux frontières. En termes politiques enfin, avec un signal négatif de plus à l’encontre de l’Union européenne. Dans un contexte de crise majeure, le jeu politique des opposants pourrait se révéler destructeur pour notre pays.