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Frontex, le prix de la sécurité et de la liberté de voyager

Cette agence doit être développée et renforcée, a fortiori dans le contexte menaçant du conflit armé qui dévaste l'Ukraine. Par Claudine Amstein

«Plus de 2.000.000 de personnes passent chaque jour notre frontière.»
Keystone
«Plus de 2.000.000 de personnes passent chaque jour notre frontière.»
Claudine Amstein
Directrice - Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie
22 avril 2022, 7h00
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Imaginez des touristes suisses pris dans les interminables files d'attente réservées aux ressortissants extra-Schengen aux postes de douanes européennes, nos autorités n’ayant plus accès au Système d’information Schengen (SIS) ou encore le rétablissement des contrôles systématiques aux frontières...

Ce seraient trois des conséquences funestes du rejet de notre participation à l'élargissement de Frontex dans le cadre des prochaines votations fédérales, le 15 mai prochain. Cette agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes demande à être développée et renforcée, a fortiori dans le contexte menaçant du conflit armé qui dévaste l'Ukraine. La mise à disposition de personnel et de matériel supplémentaires ferait passer notre contribution financière de 24 millions de francs en 2021 à 61 millions en 2027.

La Suisse fait partie de l'espace Schengen depuis plus de dix ans. Afin de garantir la sécurité dans ce périmètre, les États membres coopèrent étroitement. Ils sont soutenus par Frontex, agence à laquelle la Suisse participe depuis 2011, pour le contrôle des frontières extérieures. La Confédération a décidé de s'y associer en augmentant progressivement sa contribution financière. Les référendaires estiment que notre pays se rendrait coresponsable de violations des droits de l'homme en soutenant financièrement cet organisme. Une telle crainte n’a pas lieu d’être: cette agence améliore la coopération en matière de protection des frontières et de rapatriement des personnes entrées illégalement, et permet ainsi de mieux faire respecter les droits fondamentaux des migrants. 

Sortir de Schengen/Dublin signifierait le retour des contrôles frontaliers systématiques

Claudine Amstein

Il faut le rappeler: un refus dans les urnes risquerait de causer l'exclusion de la Suisse du réseau Schengen/Dublin. Nos autorités n’auraient ainsi plus accès au Système d’information Schengen, qui aide la Confédération à lutter contre la criminalité internationale, le terrorisme et les migrations irrégulières.

Sortir de Schengen/Dublin signifierait en outre le retour des contrôles frontaliers systématiques. Or plus de 2.000.000 de personnes passent chaque jour notre frontière. Ces contrôles engendreraient des temps d’attente énormes et des embouteillages aux points de passage, dans les deux sens, et occasionneraient des coûts considérables, sans parler des problèmes de recrutement de personnel que cela poserait. Par ailleurs, les nombreux touristes extra-européens qui visitent la Suisse devraient, en plus de leur visa Schengen, demander un visa spécifique, ce qui pourrait les dissuader d’inclure la Suisse dans leur périple, au préjudice du secteur touristique.

Les importants mouvements de réfugiés et l'augmentation de la criminalité transfrontalière de ces dernières années ont mis à mal cet espace sécuritaire. Frontex doit donc être développée afin d'améliorer la coopération européenne dans ce domaine. Un oui déterminé s'impose le 15 mai prochain.