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Fonction publique: taxer plus pour engager plus?

Le canton de Genève, en particulier, glisse vers un Etat pléthorique et omnipotent. Il est encore possible d'inverser la tendance. Stéphanie Ruegsegger

«Les Genevois devront dire en mars prochain s’ils souhaitent nourrir en continu la machine étatique, en créant chaque année automatiquement des centaines d’emplois, en fonction du taux de chômage.»
KEYSTONE
«Les Genevois devront dire en mars prochain s’ils souhaitent nourrir en continu la machine étatique, en créant chaque année automatiquement des centaines d’emplois, en fonction du taux de chômage.»
Stéphanie Ruegsegger
FER Genève - Directrice politique générale
14 octobre 2022, 7h00
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Selon l’enquête suisse sur la structure des salaires, le salaire médian du secteur public est en moyenne chaque mois supérieur de 1651 francs au salaire médian du secteur privé. A Genève, la différence est même de 1999 francs. Ce qui n’empêche pas la fonction publique de faire grève, pour manifester contre la «détérioration de ses conditions de travail». On croit rêver! Ce constat a conduit un professeur à prétendre, dans le supplément emploi de la Tribune de Genève et de 24 heures, que la fonction publique est un frein à la sous-enchère salariale.

Quelques rappels en préambule. Tout d’abord, par définition, la fonction publique est hors du marché privé du travail; secteurs public et privé ne peuvent être en concurrence, à tout le moins loyale, puisque l’un est subventionné et que l’autre doit dégager des bénéfices pour survivre. Elle ne peut donc jouer aucun rôle dans la problématique du dumping salarial.

Ensuite, peut-on parler de sous-enchère dans un pays, et plus particulièrement dans une région, qui offre des conditions salariales parmi les meilleures au monde? On peut en douter.

Pas un problème de ressources, mais de charges

La Suisse n’a donc globalement pas de problème salarial, même si des abus peuvent être constatés dans certains cas. Les outils de contrôle du marché du travail fonctionnent et permettent de les débusquer et de les sanctionner. Elle n’a pas davantage de problème de ressources.

C’est pourtant ce qu’osent soutenir certains. A Genève, où le budget cantonal a explosé la barre des 10 milliards de francs, la gauche et les syndicats estiment que le contribuable – plus particulièrement le contribuable aisé - peut encore donner un peu plus de ses revenus et de sa fortune.

Une première initiative, qui sera soumise au peuple en mars prochain, veut «supprimer le virus des inégalités» en imposant en totalité les dividendes, parts de bénéfice et autres avantages appréciables en argent de certaines entreprises. Oubliant au passage que pour les entreprises concernées, cela signifie une double imposition pleine que la Suisse a atténuée il y a quelques années.

Parole au peuple

Dans quelques mois, une initiative issue des mêmes milieux proposera une contribution temporaire de solidarité des plus aisés, pourtant déjà largement plus taxés à Genève qu’ailleurs. En cas de oui, des départs pourraient créer de gros trous dans le budget cantonal. Dans le registre des charges cette fois-ci, les Genevois devront également dire en mars prochain s’ils souhaitent nourrir en continu la machine étatique, en créant chaque année automatiquement des centaines d’emplois, en fonction du taux de chômage.

Le propos n’est pas de critiquer la fonction publique. Celle-ci remplit une mission, le plus souvent de manière efficace. Le fait est, toutefois, qu’elle est gourmande, et particulièrement à Genève. Une étude a montré que les prestations servies, tous biais corrigés, y étaient très sensiblement plus chères que dans le reste de la Suisse.

L’objectif est donc de rendre la fonction publique plus efficiente. Or, ce que nous proposent ces initiatives, c’est de taxer plus, pour engager plus. La question à laquelle les citoyens devront répondre sera donc celle de savoir s’ils veulent d’un Etat pléthorique et omnipotent au prix d’une taxation plus forte, ou s’ils préfèrent un Etat plus en forme, qui remplit les tâches régaliennes qui sont les siennes dans un canton à la fiscalité raisonnable. La réponse tombe sous le sens.