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Et vous, quelles sont vos émissions de gaz à effet de serre ?

Faire un bilan carbone n'est plus un luxe, mais une nécessité. Par Dominique Rochat

«Les enjeux climatiques deviennent des enjeux commerciaux.»
KEYSTONE
«Les enjeux climatiques deviennent des enjeux commerciaux.»
Dominique Rochat
Economiesuisse - Responsable de projets
12 juillet 2022, 19h30
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Vous a-t-on déjà demandé combien de gaz à effet de serre vous émettez? Cette question paraît encore incongrue, mais elle sera posée de plus en plus souvent aux entreprises, et pas seulement aux grandes.

En Suisse comme ailleurs, les exigences de transparence climatique se renforcent. Une étape sera franchie prochainement, avec la mise en place par la Confédération, pour certaines entreprises, d’une obligation de rapporter sur l’impact du climat pour leurs activités et vice-versa. Ces nouvelles dispositions, et d’autres, toucheront indirectement de nombreuses sociétés, qui doivent s’y préparer.

L’évolution des exigences climatiques pour les entreprises fait penser à la préparation des œufs brouillés. Dans un premier temps, la situation est restée très fluide, avec peu ou pas de contraintes. Puis tout à coup, le mélange se solidifie. Nous en sommes exactement à ce point.

Dans la foulée de l’initiative «Entreprises responsables», la Confédération demandera à des grandes entreprises de dévoiler leurs données climatiques. Pour ce faire, elle s’appuie sur la démarche TCFD, qui est une initiative internationale de référence visant à normer les rapports présentés par les sociétés. Compte tenu de l’orientation internationale de notre économie, le choix de s’appuyer sur un standard global est judicieux. Mais les autorités doivent résister à la tentation d’y ajouter des exigences purement nationales, afin de préserver la cohérence du système. Les rapports TCFD deviennent en effet une référence pour les investisseurs, qui doivent disposer de données comparables pour évaluer l’action climatique des entreprises concernées.

L’incitation à agir ne vient plus seulement de l’Etat ou de groupes de pressions, mais de l’économie même

Dominique Rochat

Mis à part cette pression réglementaire, une autre initiative privée prend de l’ampleur: la «Science based targets initiative» (SBTi). Plus de 80 (grandes) entreprises suisses y participent déjà et leur nombre croît rapidement. Cette initiative a été lancée par des organisations de référence dans le domaine climatique et s’établit comme un standard. Elle se caractérise par la prise en compte non seulement des émissions des entreprises engagées, mais aussi celles de leur chaîne d’approvisionnement. Comme les sociétés avec des objectifs SBTi s’engagent à réduire fortement leurs émissions, cela touchera par ricochet de nombreux partenaires d’affaires.

Ces évolutions marquent un vrai tournant, car l’incitation à agir ne vient plus seulement de l’Etat ou de groupes de pressions, mais de l’économie même. Les enjeux climatiques deviennent des enjeux commerciaux. Ainsi, de grands distributeurs suisses demandent déjà à certains fournisseurs de participer à leurs efforts de réduction des émissions.

Ces nouvelles exigences peuvent apparaître contraignantes, mais elles sont surtout une opportunité à saisir. Faire un bilan climatique permet de fixer des objectifs, dont la concrétisation implique de réduire et d’optimiser la consommation d’énergie d’une entreprise. De nos jours, ce n’est plus un luxe, mais une nécessité.