Il m’a récemment été demandé si les entreprises genevoises sont plus exemplaires que d’autres en matière de prise en compte des enjeux climatiques. Difficile d’y répondre, tant il y a de situations particulières.
Ce qui est certain, c’est que les chefs d’entreprise ont pris la mesure des enjeux, puisqu’ils sont 91%, selon une étude de Deloitte, à prendre en compte le défi climatique. La volonté d’agir est bien présente, couplée à de nombreuses pressions externes et internes, au premier rang desquelles les conseils d’administration, de plus en plus sensibles à ces questions, les clients, partenaires et fournisseurs, mais aussi les collaborateurs. Bien entendu, l’Etat n’est pas en reste, édictant des normes contraignantes, qui concernent tant les individus que les entreprises et les collectivités publiques.
Il est intéressant de se rappeler les efforts qui ont été faits en Suisse pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Les derniers chiffres disponibles sont ceux de 2020. On constate que c’est le secteur du bâtiment qui a le plus réduit ses émissions, avec une baisse de 39% par rapport à 1990, année de référence, manquant ainsi seulement d’un point ses objectifs, fixés à -40%. L’industrie est le seul secteur à avoir dépassé ses objectifs avec une baisse de 17% et les transports, bien qu’ayant réduit leurs émissions de 9%, ont également manqué leur cible d’un point.
Pour 65% des entreprises interrogéespar la Haute école de Lucerne, le coût est le principal frein à la transition énergétique et environnementale
Véronique Kämpfen
Pour 65% des entreprises interrogées dans une enquête menée l'an dernier par la Haute école de Lucerne, le coût est le principal frein à la transition énergétique et environnementale. Bien que ces investissements soient rentables à moyen et à long termes, les entreprises ont surtout géré le court terme durant ces dernières années marquées par des crises successives d’ampleur inédite.
Un autre frein communément évoqué est le manque de compétences, tant internes qu’externes. Ce point est clé. Il existe actuellement environ 150.000 emplois «verts» en Suisse, chiffre qui devrait doubler durant les cinq à dix prochaines années. C’est une goutte d’eau dans l’océan au vu des 5,3 millions d’emplois dans le pays.
Sans personnel formé pour concrètement mettre en œuvre la transition écologique, l’objectif zéro émission sera très difficile à atteindre en 2050. Il s’agit d’agir tant au niveau de la formation initiale que continue comme c’est le cas pour les couvreurs, qui peuvent se spécialiser dans la pose de panneaux solaires.
La Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève vient de remettre ses diplômes de fin d’étude. Les quelque rares spécialistes en technique du bâtiment ont tous été recrutés juste après avoir obtenu leur sésame. On ne peut que regretter qu’il n’y ait pas eu plus d’étudiants dans cette spécialisation. Ce sont des exemples parmi d’autres, qui montrent à quel point il est important de porter ces métiers à la connaissance des jeunes en quête d’une orientation professionnelle. Une forte pénurie de main-d’œuvre régnera dans les années à venir dans ces domaines. Les opportunités et les débouchés sont manifestes, sans parler de la satisfaction de pouvoir agir concrètement en faveur de la transition écologique.