Les récentes perturbations de la circulation des trains entre Lausanne et Genève ont souligné le risque de n’avoir qu’un seul accès ferroviaire pour Genève. Fragilité d’autant plus problématique que la crise climatique nous obligera à miser davantage sur le train.
Le Grand Conseil vaudois a demandé à la Confédération d’inscrire dans sa planification ferroviaire 2035 «la construction d’un tracé alternatif ou d’une 3e voie ferroviaire en surface ou en sous-sol, sur l’ensemble du tracé entre Lausanne et Genève»; son coût est estimé à 5 milliards de francs.
Mais pour faire pleinement sens, cette option doit être complétée par la réhabilitation de la liaison entre Evian et St.-Gingolph, réalisable bien plus rapidement et à un coût incomparablement plus bas. Cette réactivation d’un tronçon de 17 km est devisée à environ 190 millions de francs. Elle permettra de prendre en charge, d’une part, une partie des relations entre Genève et le Valais et l’Italie. D’autre part, elle sera également fort utile pour le trafic frontalier et touristique, dans un secteur actuellement fort délaissé par les transports publics.
Réduire la pression sur la ligne Genève-Lausanne se ferait ainsi en deux étapes.
Ouverte en juin 1886, la voie ferrée Evian-St.-Gingolph a connu un service voyageurs durant un demi-siècle, avant que celui-ci ne soit transféré sur route en mai 1938, dans le cadre d’un premier mouvement de réduction du réseau ferroviaire français (qui a perdu depuis les 3/4 de sa longueur). Puis, durant un second demi-siècle, subsistait une desserte marchandises, arrêtée en mai 1988. Enfin, pour dix années encore, la ligne a été parcourue par un train touristique (le «Rive-Bleue-Express») jusqu’en septembre 1998.
Depuis, les herbes folles ont envahi la voie, des routes la coupent, mais les tunnels, les ponts et surtout le tracé sont toujours là. Reconstruire la ligne est à l’étude au niveau des autorités françaises. A plusieurs reprises, le Grand Conseil genevois s’est prononcé pour ce scénario et, tout récemment, le canton du Valais rappelait son intérêt. Courant 2022, la région Rhône-Alpes-Auvergne devrait ouvrir une enquête publique pour des travaux à réaliser dans la 2e moitié de la décennie.
Réduire la pression sur la ligne Genève-Lausanne se ferait ainsi en deux étapes: d’abord par la réhabilitation de la ligne du sud du Léman, ensuite au moyen d’une ligne nouvelle au nord du lac, offrant ainsi deux options complémentaires, mais toutes deux nécessaires.