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Dans le solaire, comme ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre règne

Tous les secteurs sont touchés par le manque de personnel alors que le taux de chômage est à son niveau le plus bas depuis trente ans. Par Véronique Kämpfen

«Quelque dix mille personnes qualifiées pour monter et installer des panneaux solaires travaillent actuellement en Suisse. D’ici à 2030, leur nombre devra doubler pour répondre à la demande.»
KEYSTONE
«Quelque dix mille personnes qualifiées pour monter et installer des panneaux solaires travaillent actuellement en Suisse. D’ici à 2030, leur nombre devra doubler pour répondre à la demande.»
Véronique Kämpfen
FER Genève - Directrice de la communication
13 octobre 2023, 15h00
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En matière d’énergie, les ambitions de la Suisse sont claires: l’avenir sera au renouvelable, notamment à l’énergie solaire. Aujourd’hui, notre pays en produit chaque année 3,9 térawatt-heures. Son objectif est d’atteindre 34 térawatt-heures en 2050, soit six fois la production annuelle des centrales nucléaires Beznau I et II. Les entreprises actives dans l’énergie solaire ont intérêt à mettre les bouchées doubles pour profiter du programme Solarexpress mis sur pied il y a un an par les chambres fédérales. Celui-ci prend en charge jusqu’à 60% des coûts d’investissement à la condition que les installations soient raccordées au réseau à fin 2025.

Cette pression temporelle et le fait de vouloir multiplier par dix la production d’énergie solaire ne sont pas sans conséquence sur l’emploi. Quelque 10.000 personnes qualifiées pour monter et installer des panneaux solaires travaillent actuellement en Suisse. D’ici à 2030, leur nombre devra doubler pour répondre à la demande. Les travailleurs qualifiés manquent cependant, tant en Suisse qu’ailleurs. Un apprentissage de monteur et installateur solaire verra le jour à la rentrée 2024. Les places sont déjà ouvertes, mais cela ne permettra de former qu’environ deux cents personnes par année, avec une première volée qui sortira d’apprentissage dans quatre ans.

La pénurie touche les travailleurs qualifiés. Sans formation, le marché du travail continue à se durcir.

Véronique Kämpfen

Face à ces difficultés, les entreprises de la branche misent sur la formation continue et les reconversions professionnelles, avec un certain succès. La pénurie de main-d’œuvre ne doit pas freiner la transition énergétique et les avancées technologiques.

C’est pourtant ce que vit l’industrie des semi-conducteurs. La plus grande entreprise mondiale du secteur, la taïwanaise TSMC, en a fait l’amère expérience: en raison du manque de main-d’œuvre qualifiée, la mise en service de sa future usine sur sol américain, qui lui a coûté 40 milliards de dollars, a dû être repoussée. Pour contrer ce phénomène, l’entreprise investit massivement dans la formation et a créé un centre dédié parmi les plus pointus au monde. Elle y invite tous ses collaborateurs et futurs collaborateurs, dans une perspective de recrutement mondiale. Dix-huit mille personnes ont déjà été formées dans ce centre. Insuffisant selon les spécialistes de la branche, qui estiment les besoins en personnel à un million d’ici à 2030.

La pénurie de main-d’œuvre était déjà une réalité avant la pandémie dans la santé, l’ingénierie ou l’informatique. Depuis, tous les secteurs sont touchés, surtout en Suisse, où le taux de chômage est à son niveau le plus bas depuis trente ans. Une bonne nouvelle pour les salariés qui, selon leurs qualifications, peuvent plus aisément changer de travail et négocier des conditions attractives.

Qu’on ne s’y trompe cependant pas: la pénurie touche les travailleurs qualifiés. Sans formation, le marché du travail continue à se durcir. D’où l’importance, pour les Etats comme pour les entreprises et les futurs travailleurs, d’investir massivement dans la formation initiale.