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Covid: trois ans de crise et toujours pas de bilan

Toute gestion saine oblige à tirer les leçons de tout événement grave qui affecte la vie de sa société. Par Guy Mettan

«L’Europe, pourtant vaccinée à 70%, a connu en 2022 un taux de mortalité à peine inférieur à celui de l’année 2020 (sans vaccin) et cela avec un variant Omicron beaucoup moins létal.»
KEYSTONE
«L’Europe, pourtant vaccinée à 70%, a connu en 2022 un taux de mortalité à peine inférieur à celui de l’année 2020 (sans vaccin) et cela avec un variant Omicron beaucoup moins létal.»
Guy Mettan
Chroniqueur, journaliste indépendant
19 janvier 2023, 14h30
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Les péripéties et soubresauts des affaires du conseiller fédéral Alain Berset, et notamment de la possible collusion entre son chef de la communication et le directeur général de Ringier pendant la crise du Covid-19 – corroborée non seulement par une vidéo révélée par le Nebelspalter mais par un mail envoyé le 20 mars 2020 aux principaux dirigeants des médias suisses et dévoilé par Lukas Hässig dans Inside Paradeplatz – ne doivent pas nous faire oublier qu’aucun bilan sérieux n’a encore été dressé de la crise la plus grave du XXIe siècle…

Or n’importe quel chef d’entreprise digne de ce nom sait que toute gestion saine oblige à tirer les leçons de tout événement grave qui affecte la vie de sa société. Dans les comptes annuels, la rubrique Bilan n’est-elle pas jugée indispensable pour évaluer la santé de l’entreprise? Comment se fait-il qu’à l’échelle du pays, alors que des milliards ont été engloutis pour acheter des vaccins, financer des tests et indemniser des entreprises en difficulté, on ne tire aucun bilan?

D’autant plus que certaines analyses et chiffres montrent qu’on est loin d’avoir fait tout juste dans la gestion de l’épidémie. Une étude publiée par trois professeurs des Universités de Rotterdam, Stanford et d’Alberta* montre ainsi que le choix d’un processus de décision très centralisé n’a pas été optimal, en confiant par exemple le pouvoir à un petit groupe d’experts qui a éliminé toutes les voix discordantes et en imposant des mesures de contrainte qui ont eu un impact négatif sur la santé physique et mentale et conduit à une augmentation des inégalités dans tous les domaines, socio-économique, sexuel, sanitaire (mental et physique) et éducatif.

L’examen des statistiques mondiales montre des incohérences qui cadrent mal avec les discours officiels sur l’efficacité globale des vaccins

L’examen des statistiques mondiales montre également des incohérences qui cadrent mal avec les discours officiels sur l’efficacité globale des vaccins. Ainsi, à l’échelle planétaire, il y aura eu deux fois plus de décès Covid en 2021 avec le vaccin qu’en 2020 sans vaccin, alors même qu’il y a consensus scientifique pour admettre que le variant delta a été moins létal que ses prédécesseurs.

Début 2023, le Covid-19 semble désormais en extinction naturelle un peu partout, sans qu’on puisse attribuer cette amélioration au vaccin puisque les pays les plus vaccinés sont ceux où l’épidémie a reculé le moins vite (Etats-Unis, Allemagne, Royaume Uni, Australie, Singapour, Israël) et que la mortalité de l’année 2022 avec vaccin aura été supérieure à celle de 2020 sans vaccin dans de nombreux pays très vaccinés (Croatie, Slovaquie, Grèce, Allemagne, Australie, Singapour, Israël, Islande, Norvège, Danemark, Finlande, Lettonie, Estonie, Lituanie, Portugal, Taïwan, Corée du Sud, Japon notamment).

Après trois ans, on ne constate aucune corrélation entre le taux de vaccination et le taux de mortalité. Ainsi, bien que deux à trois fois moins vaccinée que l’Amérique latine ou que l’Europe, l’Afrique déclare un taux de mortalité près de 15 fois moindre. Alors que les habitants de la planète sont de plus en plus vaccinés, la mortalité déclarée Covid de 2022 est restée forte avec un virus pourtant beaucoup moins létal. L’Europe, pourtant vaccinée à 70% avec des vaccins réputés fiables, a connu en 2022 un taux de mortalité à peine inférieur à celui de l’année 2020 (sans vaccin) et cela avec un variant Omicron beaucoup moins létal.

Quant à la Suisse, si elle est restée dans la moyenne européenne (14.371 décès sur trois ans soit 1,638 décès pour mille habitants), elle n’a pas particulièrement brillé puisqu’elle fait deux fois moins bien la moyenne mondiale (0,838 pour mille au 31 décembre 2022). Où est donc passé le miracle vaccinal annoncé à 95% d’efficacité sur les formes graves? Et la promesse que la vaccination empêchait la contamination?

*Schippers MC, Ioannidis JPA et Joffe AR, Mesures agressives, inégalités croissantes et formation de masse pendant la crise du Covid-19: Un aperçu et une proposition de voie à suivre. Frontiers in Public Health, 22 August 2022