Dans un scénario digne d’un thriller hollywoodien, le peuple de l’intelligence artificielle (IA) vient de vivre un «moment» à haut suspense avec le déroulement d’un drame exceptionnel, une sorte de rififi en milieu high-tech. OpenAI, leader dans le domaine, et son cofondateur et CEO Sam Altman ont traversé deux semaines pour le moins agitées, marquées par un licenciement suivi d’une embauche chez Microsoft, puis d’un soutien massif des employés pour réintégrer rapidement leur CEO et finalement du limogeage du conseil d’administration. On note au passage que Microsoft en sort renforcé, le tout à l’écart des régulateurs.
Cette affaire évoque étrangement le parcours de Steve Jobs qui a connu un destin aussi chaotique chez Apple, illustrant une sorte de récurrence fascinante dans l’histoire moderne des technologies de pointe californienne. Le parallèle entre ces deux épisodes est frappant. Steve Jobs, après avoir été mis à l’écart d’Apple, la société à laquelle il a contribué à créer, y a fait un retour retentissant après plusieurs années.
En revanche, pour Sam Altman et OpenAI, ce cycle s’est accéléré, se bouclant en quelques jours. Ce rythme effréné reflète bien la vitesse à laquelle évolue notre monde numérique. Apple et OpenAI, chacune à leur manière, ont redéfini les contours de notre quotidien. Apple a transformé notre façon de communiquer et d’interagir avec le téléphone, tandis qu’OpenAI repousse les limites de la création intellectuelle avec ses outils de génération de textes, d’images, de sons et de vidéos.
La prochaine avancée d’OpenAI (GPT 5) promet de révolutionner encore plus profondément notre rapport à la connaissance, une compétence autrefois réservée à une élite éduquée, la rendant accessible à tous. Ecrire est désormais une matière première («commodity») et cela suggère un futur où même la pensée pourrait être redéfinie voire émulée.
Il va probablement découler de ChatGPT 5 une nouvelle répartition des pouvoirs donc des richesses
Xavier Comtesse et Pascal Eichenberger
C’est tellement énorme que les «doomer» ont combattu les «booster» au sein même du conseil d’administration d’OpenAI. Ces derniers l’ont emporté, mais la question du futur de l’IA est tellement importante pour la société qu’elle devrait être débattue par tous et pas seulement par quelques experts enfermés dans des «war rooms».
Nous sommes à l’aube d’une grande révolution, qui pourrait bouleverser l’ordre social en redistribuant autrement les richesses, en transformant les structures sociétales et en redessinant les règles du jeu économique. Ce remous, qui a secoué la Silicon Valley, annonce des changements d’envergure planétaire. En effet, on est passé de l’enjeu du contrôle de la donnée, de la structure des données (les catégories) et de l’information (sens des données) à celui combien plus important de la logique, des modèles de pensée et de la connaissance.
Le changement avec ChatGPT 5 va donc dans le fait qu’il va être capable d’appliquer des formes de logique donc de raisonnement méthodologique. Comme ChatGPT 5 peut en même temps accéder à toute chose et à toute vitesse, il peut (ré)agir instantanément partout. Cela change l’échelle d’intervention, la dimension de son usage. Cette accélération est vertigineuse. Tout le monde ou presque sera impacté. Il va probablement en découler une nouvelle répartition des pouvoirs donc des richesses. Il faudrait pouvoir en discuter, isn’t it?