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Coup de LAT et engourdissement coupable

Des difficultés à développer le canton de Vaud malgré l’introduction de la loi sur l’aménagement du territoire. Par Philippe Miauton

A Montreux, les 24.000 m2 des Grands-Prés ne pourront être retoqués. L’initiative stipulait que la surface soit placée en zone verdure, donc… non constructible.
KEYSTONE
A Montreux, les 24.000 m2 des Grands-Prés ne pourront être retoqués. L’initiative stipulait que la surface soit placée en zone verdure, donc… non constructible.
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
23 juin 2023, 7h00
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Croissance démographique constante et pénurie de main-d’œuvre générale. Deux facteurs qui, à eux seuls, indiquent le besoin de logement auquel le canton de Vaud doit et devra faire face à brève échéance. Deux indicateurs qui démontrent aussi le dynamisme de l’Arc lémanique vaudois. Qui devrait nous réjouir même si cela génère aussi des défis infrastructurels.

Pour y répondre, les communes se démènent en mettant sur pied des projets de construction malgré des procédures qui deviennent de plus en plus longues. Mais à la fin, la population tranche par voie de référendum (souvent) ou d’initiative. Avec des résultats peu encourageants qui mêlent syndrome «nimby» et préservation de la biodiversité. Une attitude qui consiste à approuver un projet pourvu qu’il se fasse ailleurs ou à refuser tout projet à proximité de son lieu de résidence.

Pourtant, avec l’introduction de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT) – acceptée par le peuple, soit dit en passant –, la notion de densification vers l’intérieur a été entérinée. Désormais, c’est dans les zones urbaines qu’il faut densifier, notamment pour éviter le mitage du territoire.

Les autorités se retrouvent confrontées à des oppositions de principes malgré des projets toujours plus écoresponsables.

Philippe Miauton

Ce qui n’était peut-être qu’un épiphénomène, il y a encore peu, devient tristement la règle aujourd’hui. La construction de nouveaux logements: c’est niet! Les autorités se retrouvent confrontées à des oppositions de principes malgré des projets toujours plus écoresponsables, comprenant beaucoup de verdure, des logements d’utilité publique pour la mixité et avec des emplois à la clef.

Dimanche dernier, les communes de Montreux et de Crissier se sont cassé les dents dans les urnes. Montreux, qui souffre pourtant d’une pénurie de logement, en prévoyait près de 300. Crissier près de 1200. C’est deux fois non. Mais plus inquiétant encore: les 24.000 m2 des Grands-Prés montreusiens ne pourront être retoqués. L’initiative stipule en effet que la surface soit placée en zone verdure, donc… non constructible.

Retards criants dans le développement des transports avec la gare de Lausanne, blocages alarmant dans l’implantation de nouvelles sources d’énergie renouvelable, notamment éoliennes, de déploiement d’antennes 5G ou de création de logements. Le dynamisme vaudois a du plomb dans l’aile. Déjà qu’il s’était pris un coup de LAT, il doit maintenant craindre un engourdissement coupable.