A l’évidence, le cadre réglementaire a fondamentalement changé pour les banques au cours des quinze dernières années. La Suisse applique la norme internationale concernant l’échange automatique de renseignements en matière fiscale et, conformément aux recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), elle n’a cessé de renforcer son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent. C’est certes complexe, mais c’est juste et c’est important: la réputation et l’intégrité sont des facteurs clés pour la place financière suisse.
Dans la droite ligne de cette évolution, les banques ont massivement investi dans les mesures de compliance ces dernières années. Elles ont développé leurs contrôles et leurs processus afin d’assurer le respect et d’éviter les manquements. Les clientes et les clients s’en rendent compte car, pour eux aussi, les nouvelles prescriptions sont parfois contraignantes, par exemple lorsqu’ils doivent fournir des informations complémentaires aux banques.
Les questions primordiales sont donc les suivantes: que peuvent faire les banques en termes d’optimisation des processus d’affaires et d’innovation technologique pour satisfaire aux strictes exigences de compliance, tout en assurant une excellente qualité de service et en répondant au mieux aux besoins de leur clientèle? Et en quoi la politique a-t-elle un rôle à jouer pour améliorer les conditions-cadres de manière ciblée et lever les obstacles inutiles?
Selon l’Association suisse des banquiers (ASB), cinq champs d’action sont prioritaires:
1. Le premier consiste à saisir les opportunités qu’offre la numérisation, mais sans toucher au strict dispositif réglementaire de lutte contre le blanchiment d’argent. Les banques appliquent scrupuleusement les mesures correspondantes. En parallèle, les banques s’efforcent continuellement de simplifier les processus pour leur clientèle et de les rendre encore plus efficaces. Tel est le cas par exemple du processus KYC («Know your customer»), qui fait partie intégrante du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent.
Dans ce contexte, identifier sans équivoque les clientes et les clients concernés est un préalable indispensable à toute ouverture de compte. Outre la vérification classique de l’identité effectuée au guichet, il existe aujourd’hui des méthodes innovantes à l’aide d’outils numériques, par exemple l’identification vidéo. Les banques travaillent à simplifier encore ce processus. La future loi relative à une e-ID étatique fiable sera importante à cet effet et l’ASB se mobilise en sa faveur.
2. Proposer une qualité de service optimale aux clientes et aux clients étrangers nécessite des marchés ouverts. Les banques doivent pouvoir fournir à l’ensemble de leur clientèle, partout dans le monde, des prestations conformes au niveau d’exigence qui fait la réputation de la place financière suisse. Les conseillères et les conseillers doivent être à même de proposer ces prestations de manière simple et rapide, où que se trouvent les clientes et les clients concernés. A cet effet, il faut que la Suisse et ses Etats partenaires améliorent l’accès mutuel au marché.
3. Les banques misent sur une qualité de conseil irréprochable, en particulier dans le domaine très dynamique des produits financiers durables. Les nouvelles autorégulations en matière de finance durable font du développement durable un élément incontournable de tout entretien de conseil. Les conseillères et les conseillers à la clientèle sont formés en permanence.
C’est une tâche de longue haleine, toujours inachevée, que de renforcer la compétitivité de la place financière et d’apporter des réponses optimales aux besoins de la clientèle
August Benz
Enfin, grâce aux nouveaux «Swiss Climates Scores», les clientes et les clients sont informés en toute transparence sur la compatibilité climatique des placements financiers. Ce sont là autant de mesures importantes qui permettront aux banques de concrétiser leur ambition, à savoir se positionner comme des prestataires de premier plan sur le marché d’avenir de la finance durable.
4. Les produits financiers doivent être attrayants. Et à cet effet, la politique aussi a un rôle à jouer. Il faut éliminer les entraves fiscales comme l’impôt anticipé et les droits de timbre sur les obligations, afin de renforcer l’attractivité des produits financiers et de rendre la place financière plus solide encore. Sinon, les entreprises suisses continueront à effectuer ces transactions à l'étranger. Le 25 septembre prochain, les électrices et les électeurs suisses auront une décision importante à prendre à ce sujet.
5. La concurrence stimule l’innovation et favorise la qualité, y compris dans le domaine des services financiers. C’est pourquoi nous prônons des conditions-cadres ouvertes et propices à la concurrence. L’open finance et la coopération des banques avec les fintechs vont durablement transformer le secteur bancaire. Elles recèlent selon nous un fort potentiel pour les banques, mais aussi de nombreux avantages pour les clientes et les clients.
Les banques suisses ont profondément évolué au cours des dernières années, c’est ce qui leur a permis de rester performantes dans un contexte réglementaire en mutation: aujourd’hui encore, la Suisse compte parmi les meilleures places financières au monde – et les plus attrayantes. Mais c’est une tâche de longue haleine, toujours inachevée, que de renforcer la compétitivité de la place financière et d’apporter des réponses optimales aux besoins de la clientèle. Cela nécessite non seulement d’accompagner les processus de transformation sociale comme la numérisation et le développement durable, mais aussi d’avoir le courage d’être aux avant-postes pour les façonner.
Une place financière intègre dotée de règles claires, dynamique et compétitive à l’échelon international, ouverte au changement selon une approche visionnaire, tels sont les gages d’un succès durable. C’est à nous toutes et tous d’œuvrer en ce sens.