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ChatGPT signe-t-il la fin des programmeurs?

Le cas des codeurs est particulièrement intéressant. L’intelligence artificielle rend le code accessible à tout le monde, ou presque. Par Xavier Comtesse, avec Damian Chiossone et Cédric Pompeï

Il est envisageable de finalement se débarrasser de tous ces programmes en Cobol qui tournent encore au sein des banques sans prendre de risques inconsidérés!
KEYSTONE
Il est envisageable de finalement se débarrasser de tous ces programmes en Cobol qui tournent encore au sein des banques sans prendre de risques inconsidérés!
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
Damian Chiossone
ManufactureThinking - Membre
Cédric Pompeï
Manufacture Thinking - Membre
08 mai 2023, 16h00
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Toute révolution technologique pose la question de son impact sur la société: en quoi cela va-t-il changer notre vie, notre bien-être, nos habitudes, notre façon de travailler, nos loisirs, nos relations les uns aux autres, etc.

Ces révolutions sont vécues souvent comme un choc sociétal et parfois comme un tsunami balayant le monde précédent. Les deux derniers chocs ont été l’invention d’internet en 1993 et de l’iPhone en 2007. L’arrivée d’internet a provoqué plusieurs changements majeurs comme l’e-commerce (Amazon), le e-banking, la e-administration ou encore l’enseignement à distance, les réseaux sociaux, la vidéoconférence (WhatsApp ou Zoom) ou le streaming (Netflix).

La question qui se pose aujourd’hui est comment l’intelligence artificielle générative (celle qui peut produire des contenus originaux par elle-même, comme ChatGPT) va-t-elle nous impacter?

Il est aujourd’hui encore difficile de répondre à cette question, mais on peut tenter de regarder son influence à l’origine même de sa naissance: le monde du code informatique.

Le cas des codeurs (informaticiens spécialisés dans l’écriture des programmes informatiques) peut nous laisser entrevoir les impacts. D’abord l’intelligence artificielle (IA) était un outil d’aide permettant d'augmenter leur productivité (exemple le «copilote» de GitHub), mais ensuite sa version générative arrive et le copilote est en mesure de prendre le contrôle de l’avion, plutôt que de juste aider. Non seulement le code généré est suffisamment bon, mais aussi cette IA arrive à traduire du code d’un langage de programmation dans un autre. Alors – et presque magiquement – des nouvelles opportunités apparaissent. Par exemple, il est envisageable de finalement se débarrasser de tous ces programmes en Cobol qui tournent encore au sein des banques sans prendre de risques inconsidérés!

Concevoir un site internet prend quelques minutes aux générateurs alors qu’il fallait des semaines auparavant

C’est fascinant. Mais, c’est aussi chez eux que les remises en cause sont les plus conséquentes: est-ce la fin du métier ou est-ce la naissance des «non-codeurs» plutôt?

En tous les cas, trois changements majeurs émergent, concernant les concepts de vitesse, d’accessibilité et de prolifération.

D’abord la vitesse: la programmation vient de connaître une accélération sans précédent. Programmer, coder était une chose lente et fastidieuse; elle va devenir rapide et ludique. Il faut voir l’enthousiasme des informaticiens aujourd’hui à programmer à tour de bras et à toute vitesse. Un exemple: concevoir un site internet prend quelques minutes aux générateurs alors qu’il fallait des semaines auparavant. La productivité a fait un bond.

Ensuite, l’accessibilité: il n’y a plus de barrière, tout le monde va désormais avoir la possibilité de produire du code et beaucoup vont saisir cette opportunité. La difficulté de programmer va être réduite quasiment à zéro. Le monde va changer sous l’impulsion des nouveaux programmeurs: les gens ordinaires, les non-codeurs!

Enfin, la prolifération: on programme tout et n’importe quoi. Cela n’a plus d’importance, c’est la machine qui fait le travail. On lance de nouvelles Apps à la pelle. Cela nous fait penser à l’arrivée des traitements de texte dans les années 1980 qui ont permis de produire des tonnes de livres dans toutes les langues. On est passé de 700 livres nouveaux et en français dans les années 1960 à 70.000 nouveaux livres par an aujourd’hui!