Les coûts de la santé (ou plutôt des maladies) ne cessent de grimper et aucune piste pour juguler cette problématique ne peut être ignorée. Quid d’une caisse maladie unique? En tant que libéral, j’ai évidemment tendance à répondre immédiatement «non merci», surtout si cette caisse devait être publique.
Bien sûr, une caisse unique permettrait de réduire certains coûts mais cela reviendrait à ignorer froidement les bienfaits de la compétition. C’est un peu comme si les autorités suisses décidaient de nationaliser Roche, Novartis et Sandoz et d’en faire une seule entreprise étatique dans le but d’éviter des doublons, par exemple concernant les frais de recherche. Dans le monde, les expériences de communisme ont créé leur lot de malheurs et nul besoin d’en rajouter d’autres.
Malgré tout ce qui précède, je ne peux pas ignorer le cas frappant suivant: lorsque je travaillais pour un cabinet de conseil mondial, j’ai été amené à prêter main-forte à une société cantonale d’assurances, spécialisée dans les risques d’incendie. Notre société cliente, une entreprise entièrement aux mains de l’Etat, était dans une situation unique en Suisse: dans son canton, non seulement notre client jouissait d’une situation monopolistique mais, de plus, l’ensemble des habitants et des entreprises avaient l’obligation légale de s’assurer!
Pour qu’une telle caisse renoue avec le succès, la création d’une émulation (à l’instar de la compétition fiscale intercantonale) est une condition sine qua non
Philippe D. Monnier
En épluchant les rapports annuels de ladite société d’assurances feu, nous avons commencé par nous pencher sur ses primes et nous les avons naturellement comparées avec celles en vigueur dans les autres cantons. Ô surprise, notre client avait de très loin les primes les plus basses et cela pour une raison très simple: notre société cliente était la seule en Suisse – dans son domaine – à ne pas avoir le moindre frais de vente.
Par la suite, nous avons analysé une série d’autres critères, principalement d’efficacité opérationnelle et de satisfaction de la clientèle. Sur ce point, notre client avait bien de multiples opportunités d’amélioration mais il aurait été incorrect d’affirmer qu’il était en moyenne moins performant que les autres assurances feu.
A la lumière de cet exemple et d’autres cas similaires, je suis arrivé à la conclusion qu’il ne faut pas exclure d’office l’idée d’une caisse maladie unique. Naturellement, pour qu’une telle caisse renoue avec le succès, la création d’une émulation (à l’instar de la compétition fiscale intercantonale) est une condition sine qua non. Par exemple, la comparaison systématique (et d’une manière complètement indépendante) avec des caisses privées ne devrait pas être négligée. Finalement, en mettant sur pied une telle caisse consolidée, des redondances devraient à tout prix être évitées et il ne faudrait surtout pas créer des emplois factices pour occuper les futurs ex-vendeurs.