Il y a cinquante ans, quelques personnalités romandes dont l’ingénieur EPFL Rodolphe Nieth et le politicien Pierre Weiss rêvaient d’un Swiss Metro reliant Genève à Zurich en 45 minutes. Jamais le projet ne dépassa le stade des études préliminaires. Le problème était son coût faramineux car la technologie des tunneliers n’était pas au rendez-vous pour une telle aventure à un prix abordable.
Aujourd’hui Elon Musk réveille les espoirs. Avec «The Boring Company» il construit vite et moins cher. Le secret: une technologie très avant-gardiste et un tunnelier standard qui n’a pas besoin d’être reconfiguré à chaque fois (ce qui coûte cher). Ainsi les tunnels seront eux aussi standard et utiliseront les technologies les plus récentes. Pour l’heure, la Boring Company a terminé il y a un peu plus d'une semaine une première réalisation sous forme de boucle (Loop) souterraine à Las Vegas sous le Convention Center. Dans ce tunnel, des Tesla y circulent! Pas de train mais des trains de voitures. Génial.
La vision d’Elon Musk va bien au-delà de ce premier essai. «Si vous pensez à un réseau de tunnels sur 10, 20, 30 couches de profondeur (ou plus), il est évident que ce type d’infrastructure en 3D permettrait de répondre aux besoins du transport de n’importe quelle ville quelle que soit sa taille», a-t-il expliqué. Son ambition est donc d’avoir des tunneliers, machines d’une centaine de mètres de long qui creusent le sous-sol partout et qui travaillent 15 fois plus vite que leurs concurrents actuels à un prix nettement inférieur (10x). Cela devrait plaire au politicien vaudois Olivier Français qui depuis toujours pense tunnel. Sa vision va peut-être finalement voir le jour. Tant mieux.
Bien des métropoles de par le monde songent à faire appel à Elon Musk. Chicago a demandé à sa compagnie de construire une voie rapide entre la ville et son aéroport. Sydney veut traverser les Blues Mountains avec lui. Et même le Cern à Genève songe pour son prochain collisionneur (100 km) à faire appel à ses services!
Pour la Métropole lémanique, cela risque d’être la seule solution possible. Aujourd’hui déjà, l’autoroute est saturée et les trains roulent mal. Bouchons après bouchons, pannes après pannes, la mobilité entre Genève et Lausanne est définitivement problématique. Construire en surface – dans un milieu urbain dense – est impossible sauf à coups de dizaines (voire centaines) de milliards. Donc on va devoir aller en profondeur.
Imaginer la ville en 3D voir 4D (si on y inclut la variable temps) est faisable. C’est même souhaitable. Certes les canalisations de toutes sortes ont déjà exploré les sous-sols mais là c’est une nouvelle conception qui pointe son nez : une mobilité en 3D sous la terre. Fascinant! Désormais faisable.
Cela devrait renforcer les ambitions des jeunes de l’EPFL. Comme ceux de la start-up Swisspod technologies qui a construit une hyperloop sur le campus lui-même. Par ailleurs, l’école de Lausanne détient toujours les droits de Swiss Metro. Un réveil s’impose… À vos méninges jeunes ingénieurs!
*Boring se traduit en français par ennuyeux mais aussi par creusant