Selon un sondage électoral SSR publié au début du mois, à quatre mois des élections fédérales, l’UDC améliorera son score de 2019. Les Verts seraient les grands perdants du scrutin. Le PS conforte sa position, tandis que le PLR en perte est à égalité avec Le Centre.
A première vue l’opinion publique est ingrate à l’égard des Verts qui furent les pionniers pour dénoncer les atteintes à l’écologie. Mais cela qui était leur domaine et leur singularité est devenu banal avec le temps. La plupart des partis font étalage de leur préoccupation pour le réchauffement climatique, car il n’est plus possible de le nier devant les phénomènes violents, sécheresses, inondations, tornades qui se sont multipliées. Le seul parti qui nie ou minimise le phénomène, l’UDC, rassemble les électeurs qui sont insensibles à ce thème: il bénéficie donc d’un apport de voix.
Il existe cependant une explication supplémentaire à la déconvenue des Verts, à savoir le surgissement des Verts Libéraux, une singularité suisse. Une partie de l’électorat écologiste ne supporte plus de soutenir un parti ouvertement à gauche, voire plus gauchiste que le PS.
Il n’est pas indispensable de faire une révolution sociale pour sauver la planète
Jacques Neirynck
Certains estiment que l’économie capitaliste peut accommoder l’écologie dans une mutation industrielle bien comprise: il s’agit du plus grand défi de notre époque que de raccommoder ces deux idées. Il n’est pas indispensable de faire une révolution sociale pour sauver la planète alors qu’il existe des mesures de caractère technique, économie d’énergie et production de renouvelable, supérieures à toute idéologie.
Dans les années 90, le parti des Verts a repris le flambeau de l’extrême gauche après la déconfiture du régime soviétique et l’effondrement de l’idéal communiste. On retrouve dans ces rangs des déçus du gauchisme, des anciens combattants du marxisme. Puisqu’il n’était plus concevable de vilipender l’économie libérale qui avait l’air de si bien réussir, il ne restait plus qu’à s’en prendre à la société de consommation qui en était le résultat le plus voyant. Dès lors, un déclin à long terme était inscrit dans l’ADN des Verts, car tout programme à base idéologique finit par se heurter à la réalité implacable.
Le dernier grand succès des Verts fut le référendum qui imposa un moratoire sur les OGM, au nom d’une méfiance viscérale de l’agriculture industrielle, des producteurs chimiques et des recherches en biologie. L’Union européenne est maintenant en phase de révision de son moratoire: les faits vont démontrer que la technique OGM est indispensable pour adapter les cultures à la transition climatique. Il est devenu politiquement contreproductif de s’opposer aux éoliennes ou aux cellules photovoltaïques par un amour immodéré de la Nature figée dans une déification.
Les véritables défis de la politique suisse sont pressants: la modification du climat; la guerre en Europe; le coût de la santé, l’immigration. Il ne suffit pas de consacrer des budgets à chacun de ces objectifs qui sont en compétition, mais de trouver des solutions originales, économes et efficaces. Face à ce besoin de Realpolitik, un extrémisme idéologique ne convainc pas. Les Verts libéraux bénéficient de cette tendance à un nécessaire réalisme.