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Avions de combat: une version «light» est-elle crédible?

Avions de combat: une version «light» est-elle crédible?
Cédric Tille
Graduate Institute Geneva - Professeur d’économie
01 septembre 2020, 13h43
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Pas vraiment, comme le montre un examen critique de l’étude rédigée par Acamar pour les opposants à l’acquisition des avions de combat. Il n’en demeure pas moins qu’une réflexion de fonds sur la politique de sécurité suisse est nécessaire. Il n’y a pas besoin d’annuler l’achat d’avions pour conduire cet exercice, mais une structuration de la commande entre des achats fermes et des options est souhaitable.

Une évaluation critique de l’étude

Les opposants recommandent d’acheter l’avion léger M346 de la firme Leonardo. C’est discutable si l’on se penche sur le tableau d’évaluation d’Acamar (page 69 du rapport) reproduit ci-dessous. Il pondère une série de neuf critères, que je regroupe entre les performances de vol, les coûts, et d’autres aspects. Il classe les avions de 1 à 6 selon les critères, et le classement pondéré place le M346 en tête avec un rang de 2.61. La pondération est fortement orientée vers les aspects de coûts (44.4 pourcent du total), les performances étant moins pondérées (38.9%t). Si le M346 arrive en tête ce résultat est fragile. La partie inférieure du tableau montre le rang selon le total, et dans chacune des trois catégories de critères. Le rang du M346 (2.61) est quasiment identique à celui de l’Eurofighter Typhoon (2.69) et très proche du F/A18E Super Hornet (2.81). L’avion léger italien n’est donc pas une évidence. En outre, le faible classement du Dassault Rafale laisse perplexe. Le rang du M346 repose essentiellement sur les coûts et les autres facteurs, et il est clairement en queue de peloton en termes de performances. D’autres aspects de l’étude sont également discutables. La discussion des systèmes sol-air Patriot et SAMP-T ne fait aucune mention du fait qu’il ont été testés dans le cadre du projet Bodluv. Les opposants mettent aussi en avant l’impact environnemental. Mais les 120.000 tonnes de CO2 émises annuellement par les forces aériennes ne représentent qu’une journée d’émissions de la Suisse.

Prenons un peu de recul

Les opposants mettent en avant une question tout à fait pertinente: quels sont les besoins de défense de la Suisse dans les décennies à venir ? L’analyse publiée par Pierre-Alain Fridez présente une vision bien documentée et réfléchie. D’autres contributions soulignent également le besoin de repenser la sécurité en profondeur, comme l’analyse par Pascal Lago d’Avenir Suisse et le rapport de Pierre Aeppli, Peter Arbenz, Christophe Keckeis et Pierre Maudet. Faut-il arrêter le projet d’achats d’avions, réfléchir, puis tout recommencer ? Une approche pragmatique serait de continuer le processus actuel d’achat des avions, mais de structurer la commande entre une première tranche de commandes fermes (disons une vingtaine d’avions) et une seconde tranche sous forme d’options à confirmer. La discussion de fonds sur la sécurité pourrait avoir lieu en parallèle. Si la Suisse choisit un format large pour ses forces aériennes, les options seraient converties en commandes fermes. Si en revanche le souverain préfère un format plus restreint, les forces aériennes se contenteraient de la première tranche de commandes. Ce n’est pas forcément le format qu’elles préfèreraient, mais Cedant arma togae. * Professor of economics Graduade Institute Geneva

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