Les COP (conférence des parties) rassemblant périodiquement les Etats ayant ratifié les conventions internationales visant à une bonne gestion de nos bases d’existence se suivent, avec leurs nuées de lobbyistes, ONG, scientifiques et journalistes. Après la 27e COP sur le climat tenue dans un cadre particulièrement hors sol, à Charm el-Cheikh, en Egypte, la prochaine COP de la convention sur la biodiversité se réunira à Montréal du 7 au 19 décembre.
Et ce printemps eut lieu à Abidjan celle de la convention contre la désertification, accompagnée de la publication du rapport Perspectives territoriales mondiales. Selon ce document, 40% des terres sont désormais dégradées, impactant la moitié de l’humanité, alors que voici cinq ans seulement, ce n’étaient «que» 25%. Il souligne le lien direct entre la dégradation des capacités productives des sols et des écosystèmes et celle des conditions de vie des populations, conduites à s’entasser dans les bidonvilles, voire à migrer plus loin.
«A l’échelle mondiale, les systèmes alimentaires sont responsables de 80% de la déforestation et de 70% de l’utilisation de l’eau douce. Ils constituent aussi la principale cause de perte de biodiversité terrestre. La santé des sols et la biodiversité sous terre – la source de presque toutes nos calories alimentaires – ont été également largement négligées par la révolution agricole industrielle du siècle dernier», peut-on y lire.
Sur les 8 millions d’espèces vivantes connues, un million va disparaître durant ces prochaines décennies
René Longet
Quant à l’édition 2022 de Planète Vivante, synthèse publiée tous les deux ans par la société zoologique de Londres et le WWF international, elle a paru à temps pour la COP biodiversité. L’état de santé de la nature y est suivi à travers 32.000 populations représentatives de 5230 espèces de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, amphibiens et reptiles). Entre 1970 et 2018, ces populations ont diminué de 69%, et celles des espèces d’eau douce de 83%.
Pertes d’effectifs qui conduisent fatalement à la réduction du nombre d’espèces. Sur 147.515 espèces suivies par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 41.459 sont menacées: 13% des oiseaux, 27% des mammifères, 34% des conifères et 41% des amphibiens. Sur les 8 millions d’espèces vivantes connues, un million va disparaître durant ces prochaines décennies.
Climat, sols et biodiversité sont ainsi les thèmes des trois conventions dites de Rio car signées ou décidées en 1992 au Sommet de la Terre des Nations unies. Mais ce n’est pas tout: il y a encore l’atmosphère, les océans, les eaux douces, les cycles du phosphore et de l’azote, les substances chimiques ou les particules de plastique aujourd’hui omniprésentes… ce qui nous renvoie aux «neuf limites planétaires», dont six sont désormais dépassées.
Tous ces enjeux se tiennent, ont des effets les uns sur les autres. Seule une compréhension de ces liens permettra de développer des stratégies adéquates, et qui soient bonnes tant pour la pérennité des systèmes naturels, dont les sociétés humaines dépendent, que pour l’emploi et les activités économiques.