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A l’âge de l’IA, les start-up vont-elles disparaître?

Qui détient la puissance de calcul, détient le savoir du futur. Par Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto

«OpenAI, la start-up qui a fondé ChatGPT, utilise d’énormes capacités de calcul mises à la disposition par Microsoft contre des contrats de plusieurs milliards dollars qui les lient en somme pour toujours.»
KEYSTONE
«OpenAI, la start-up qui a fondé ChatGPT, utilise d’énormes capacités de calcul mises à la disposition par Microsoft contre des contrats de plusieurs milliards dollars qui les lient en somme pour toujours.»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
Giorgio Pauletto
SIG - Directeur stratégie et innovation
19 juillet 2023, 15h37
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Signal. De la découverte de nouvelles protéines à la radiologie, du calcul du risque à la finance durable, de la cybersécurité aux robots tueurs, des voitures autonomes aux images virtuelles, de la lutte contre le réchauffement climatique à l’urbanisme, l’IA est omniprésente. Plus rien ne lui échappe. Et, pour faire marcher des projets qui se fondent sur l’IA, encore faut-il posséder des capacités de calcul immenses et des ordinateurs surpuissants. Cela demande des moyens colossaux qui ne sont pas à la portée du premier venu. C’est même hors de portée pour la plupart des entreprises et organisations, notamment pour les plus petites.

Ainsi le monde de la start-up affronte un nouveau défi qui risque bien de mettre fin à cette aventure de plus de 50 ans: le prix des super-ordinateurs. OpenAI, la start-up qui a fondé ChatGPT, utilise d’énormes capacités de calcul mises à la disposition par Microsoft contre des contrats de plusieurs milliards dollars qui les lient en somme pour toujours.

Tendance. L’IA, c’est avant tout la capacité de faire émerger du «sens» à partir de sources de données géantes et pour ce faire, il faut essentiellement trois choses: des algorithmes dédiés, de grosses capacités de calcul et de l’énergie électrique pour les faire tourner. Les premiers sont fournis par des mathématiciens, les deuxièmes par des super-ordinateurs et le troisième par l’énergie renouvelable.

C’est une configuration de la compétition internationale nouvelle qui va demander aux Etats de réviser leurs politiques industrielles, technologiques et scientifiques s’ils veulent rester dans la course du progrès

Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto

Dans tous les cas de figure, c’est très coûteux. C’est pourquoi, aujourd’hui les grands acteurs de l’IA sont les géants de la «tech» comme Microsoft, Google, Facebook, Amazon ou Apple. Les petits (les start-up) pour exister n’ont souvent pas d’autre choix que de s’adosser à elles. C’est une configuration de la compétition internationale nouvelle qui va demander aux Etats de réviser leurs politiques industrielles, technologiques et scientifiques s’ils veulent rester dans la course du progrès.

Proposition. Les politiques doivent comprendre que les super-ordinateurs sont les futures autoroutes de la création du savoir. Et donc, au même titre que l’on a construit les routes, il y a 100 ans, pour que les gens puissent circuler de ville en ville, ils doivent fournir à la population, aux entreprises, et en particulier aux start-up de quoi nourrir les citoyens du premier des aliments du futur: le savoir.

La prise de conscience d’un changement radical dans le «logiciel» politique va sans doute être compliquée à s’articuler, spécialement en Suisse ou le «laisser faire» économique est un dogme. Il y aurait bien une voie qui consisterait à passer soit par les Universités et soit par les Ecoles polytechniques (EPFL et ETHZ en tête) en les équipant d’ordinateurs surpuissants au service de tous: scientifiques, entreprises ou start-up.

Pour cela il faudrait bien sûr établir des règles d’usage, ce serait une des solutions élégante si l’on ne veut pas faire de la Suisse un «désert» numérique. L’IA est essentielle pour l’innovation et n’oublions pas que la Suisse en a fait sa force première. Sans une mesure radicale, on va perdre ce dernier avantage compétitif qu’est l’innovation… car l’enjeu est tel que sans ce virage, la Suisse se met en grand danger.