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A la recherche de la semaine des quatre jeudis?

Réduire le temps de travail d’une journée par semaine pour le même salaire pose plus d’un problème. Par Philippe Miauton

«Nombre de métiers ne se prêtent guère à la semaine de 4 jours. Le monde des services est à coup sûr plus compatible que celui de l’industrie.»
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«Nombre de métiers ne se prêtent guère à la semaine de 4 jours. Le monde des services est à coup sûr plus compatible que celui de l’industrie.»
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
28 avril 2023, 7h00
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Il règne depuis quelque temps une véritable mania médiatique pour la semaine de quatre jours, payée cinq. Disons-le d’entrée de jeu: si une entreprise choisit ce modèle, que cela rentre dans son business plan et que cela répond à son management tout en maintenant sa productivité, pourquoi pas? C’est son droit le plus strict et certainement un avantage concurrentiel au moment de chercher des collaborateurs.

Quelques entreprises pionnières ont d’ailleurs tenté l’expérience, surtout à l’étranger, avec des résultats tantôt concluants, tantôt mitigés. De là à imaginer un changement de paradigme dans le monde du travail, j’attends de voir.

Car dans la majorité des cas, travailler quatre jours et être payé cinq – n’oublions pas que nous sommes en fait payés sept –, signifie en fait une augmentation de 20% du salaire et/ou une diminution de production d’autant. Dans la période économique actuelle, face aux augmentations des coûts, aux difficultés d’exportation et à la pénurie de main-d’œuvre, ce modèle ne s’inscrit a priori pas dans le meilleur des calendriers. Car pour (sur) vivre, une entreprise doit aujourd’hui innover et produire plutôt que s’ajouter des charges.

A la clef, j’en suis certain, davantage de stress pour leurs employés.

Philippe Miauton

Ensuite, nombre de métiers ne s’y prêtent guère. Le monde des services est à coup sûr plus compatible que celui de l’industrie.

Pour les thuriféraires de ce modèle, la semaine de quatre jours n’influence pas la productivité de leur structure, voire l’augmente, diminue le stress des employés et pousse à l’entraide. C’est oublier enfin que la Suisse n’est de loin pas un désert managérial et que l’économie propose déjà de larges possibilités de télétravail, du temps partiel et applique des horaires flexibles afin de favoriser une meilleure conciliation entre vies professionnelle et familiale. Introduire ce nouveau modèle, qui doit concentrer des tâches durant quatre jours, impliquera sans doute moins de compréhension pour ces aménagements précités. Certaines entreprises ont d’ailleurs réparti les heures de cinq jours sur quatre pour retomber sur leurs pattes. Avec à la clef, j’en suis certain, davantage de stress pour leurs employés.

Dans notre société ultra-connectée, cette formule pour travailler moins sans pour autant gagner moins interpelle forcément. Reste à savoir si le «remède» ne sera pas pire que le mal. Un peu de recul semble nécessaire avant de prétendre que cette option répondra à tous les maux du monde professionnel. On n’a pas encore inventé la semaine des quatre jeudis.