Fait suffisamment rare pour être relevé, les principales associations économiques et patronales genevoises se sont rassemblées autour de septante-deux priorités pour le canton. En onze thématiques en lien avec le monde de l’entreprise, elles souhaitent rappeler les fondamentaux de ce qui fait le succès de Genève et assure un niveau de vie confortable à ses citoyens.
Les amateurs de sensationnel en seront sans doute pour leurs frais. En effet, pas de propositions fracassantes dans le document «Agir pour Genève», présenté en janvier, mais un rappel de ce qui permet de construire le succès du canton de Genève.
Celui-ci dispose d’une vaste manne de ressources fiscales pour financer un budget de plus de 10 milliards de francs par année. Une somme importante pour un bassin de population d’un peu plus d’un demi-million d’habitants, qui bénéficient de politiques publiques généreuses. Mais le miracle genevois est fragile. Avec une fiscalité très progressive, il suffit du départ de quelques bons contribuables pour affaiblir l’édifice. Toute velléité d’alourdir encore la fiscalité signifierait franchir une dangereuse ligne rouge.
Les débats sur l’évolution de la société et les transitions en cours ne peuvent se faire sans les entreprises
Stéphanie Ruegsegger
Quelques points d’attention majeurs sont à considérer. Si l’économie est particulièrement dynamique et pourvoyeuse d’emplois, trop de personnes restent en marge du marché du travail. Un effort conséquent pour améliorer l’employabilité de la population active est à déployer. Cela permettra également aux entreprises de mieux anticiper leurs futurs besoins en compétences. La formation, qu’elle soit de base ou continue, joue un rôle déterminant pour que chacun puisse trouver sa place. La perception de la formation professionnelle, qui est l’un des meilleurs remparts au chômage, doit évoluer et être mieux valorisée par l’ensemble des acteurs.
Des défis existent également dans le cadre de l’aménagement et des infrastructures. A l’heure des enjeux climatiques, il convient de développer les infrastructures de transports collectifs, que ce soit par la route ou le rail, en collaboration avec nos voisins. La guerre contre la mobilité individuelle, qui n’a rien apporté d’autre à notre canton que du stress et des encombrements supérieurs aux autres grandes villes suisses, doit cesser. Tous les scénarios montrent que la voiture jouera toujours un rôle central dans les déplacements. Il s’agit d’en tenir compte, tout en développant une offre de transports collectifs attractive et adaptée aux habitudes de vie des citoyens. En outre, les phénomènes d’étalement urbain sont à éviter. Genève doit poursuivre son effort pour offrir en son sein des logements adaptés à sa population, sans dogme et en partenariat avec les acteurs concernés.
«Agir pour Genève» est enfin l’occasion de rappeler que l’entreprise est un pilier de la société. Elle forme, engage, innove, finance, intègre et participe au mieux vivre ensemble. Les débats sur l’évolution de la société et les transitions en cours ne peuvent se faire sans elle. Elle fait partie intégrante de la solution pour permettre de relever les défis actuels.