Favori à la succession de Thomas Jordan, Thomas Schlegel, 47 ans, assumera la présidence de la direction de la Banque nationale suisse (BNS) dès le 1er octobre. Actuel vice-président de l’institut d’émission et homme du sérail, l’économiste zurichois devrait poursuivre dans la voie tracée par le Biennois, dont il s’est lui-même considéré comme l’assistant.
Inconnu du grand public, Martin Schlegel, titulaire d’un doctorat en économie de l’Université de Zurich, ville dans laquelle a grandi et vit encore, affiche la discrétion qui sied traditionnellement aux banquiers centraux, à l’image de son prédécesseur. Né en 1976, le quadragénaire apporte une touche de modernité au sein de la BNS qu’il avait rejointe 2003, avant de gravir les échelons pour accéder en 2022 à la surprise générale à la vice-présidence, grillant la priorité à Andréa Maechler, laquelle a depuis pris le chemin de Bâle et de la Banque des règlements internationaux (BRI).
Homme du sérail
Pour mémoire, Antoine Martin a été désigné en tant que successeur de Mme Maechler en septembre 2023 et a pris ses fonctions en début d’année. La nomination de Martin Schlegel par le Conseil fédéral ne constitue pas une surprise, tant il apparaissait à la majorité des observateurs comme le successeur naturel de Thomas Jordan.
Une position de fils spirituel de M. Jordan à laquelle Martin Schlegel a lui-même contribué, déclarant alors dans les colonnes de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), dans une de ses premières interviews, avoir commencé sa carrière au sein de la BNS en tant que stagiaire de son patron sortant.
Depuis son entrée en 2003, à la BNS Martin Schlegel a occupé diverses fonctions au sein de l’institut d’émission, acquérant aussi de l’expérience à l’étranger en oeuvrant pour la banque centrale helvétique à Singapour, sa seule unité à l’étranger. Ayant aussi enseigné à l’Université de Bâle, il a travaillé au sein du comité de placement de la BNS. Depuis août 2022, il dirige désormais le IIe département à Berne, en charge notamment de la stabilité financière, des liquidités et de la gestion des risques.
Le choix du Conseil fédéral pourrait décevoir les voix les plus critiques envers la BNS, en particulier celles ayant appelé à nommer une personne externe à l’institut d’émission ou encore une femme. Ces derniers peuvent toutefois se consoler avec l’accession de Petra Tschudin à la direction générale, Antoine Martin, assumant quant à lui la vice-présidence.
Martin Schlegel aura sans doute à coeur d’éluder ces critiques. A cet effet, il pourrait s’inspirer de la fermeté et du calme de son prédécesseur. (AWP)