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Economie et syndicats pleinement satisfaits du «oui» à la loi Covid

La Suisse a accepté à 62.01 % la loi Covid. Economiesuisse, l'Union patronale suisse et l'Union suisse des arts et métiers saluent la décision de la population suisse.

D'après les premiers résultats, les Amis de la Constitution vont essuyer un nouvel échec dans les urnes.
Keystone
D'après les premiers résultats, les Amis de la Constitution vont essuyer un nouvel échec dans les urnes.
28 novembre 2021, 17h10
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Les organisations économiques saluent le oui populaire à la loi Covid-19. Plusieurs mesures utiles aux entreprises confrontées à la pandémie sont maintenues. Les deux faîtières syndicales USS et Travail.Suisse sont aussi rassurées pour les travailleurs vulnérables.


Le vote du peuple permet de prolonger au-delà du printemps les bases légales d'importantes mesures visant à endiguer la pandémie. Parmi elles, le certificat Covid, un instrument désormais indispensable pour de nombreuses entreprises, estime dimanche Economiesuisse dans un communiqué. C'est d'autant plus important que la crise est loin d'être terminée. Le Conseil fédéral et le Parlement devraient maintenir ce cap.

L'Union patronale suisse est aussi rassurée par ce oui aux instruments destinés à limiter la casse économique. Les mesures qui ont fait leurs preuves ne seront pas interrompues brutalement en cas de nouvelle vague. L'organisation patronale relève cependant le ton "émotionnel et parfois haineux des opposants au certificat Covid". Il appartient désormais au Conseil fédéral de calmer les esprits et de poursuivre une politique mesurée.

L'Union suisse des arts et métiers (usam) se montre satisfaite du résultat: la base légale nécessaire pour les aides à l'économie est conservée tout en restant limitée dans le temps. L'usam appelle le Conseil fédéral à mener une politique fondée sur les faits, qui tienne compte des intérêts de la société et de l'économie.

L'USS salue la décision du peuple au vu de l'évolution très imprévisible de l'épidémie. Le maintien des soutiens aux travailleurs dont le revenu est menacé est essentiel, écrit la faîtière syndicale. La garantie des emplois et des salaires doit continuer à aller de pair avec toutes les actions nécessaires visant à endiguer la progression de la pandémie, selon l'USS.

"Grâce à l'approbation de la loi Covid, les aides pour les cas de rigueur, qui restent nécessaires, pourront être augmentées et des moyens financiers supplémentaires pourront être mis à disposition pour le chômage partiel. C'est d'une grande importance pour l'économie et les travailleurs", estime Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.

Les Suisses approuvent une nouvelle fois la loi Covid-19

Les Suisses ne sont pas prêts à renoncer aux aides économiques ou à leur liberté retrouvée grâce au certificat sanitaire. Ils ont approuvé dimanche les modifications de mars de la loi Covid-19 par 62%.

Les Amis de la Constitution essuient ainsi un nouvel échec. Il est même plus cuisant qu'en juin, lorsqu'ils avaient attaqué les bases de la loi Covid-19. Seuls deux cantons, Appenzell Rhodes-Intérieures (55,8%) et Schwyz (51,4%), ont approuvé leur référendum. Et leur soutien a été plus timide. Il s'élevait à 60,8%, respectivement 59%, lors du premier scrutin.

Le reste des opposants d'antan rejoignent quant à eux le camp des partisans, opérant souvent un virage à plus de 180 degrés. Nidwald passe par exemple de 51,3% de "non" à 59,1% de "oui". Uri approuve les modifications de mars par 56,3%, alors qu'il avait rejeté la loi cet été par 54,8%. Glaris affiche désormais 54,2% de partisans contre 50,9% d'opposants en juin.

Utilité du pass sanitaire

Malgré son alliance avec trois autres groupements, les Amis de la Constitution font chou-blanc. Le certificat Covid, qu'ils accusent de diviser la population, de discriminer les non-vaccinés ou encore de pousser à la vaccination, obtient ainsi l'adoubement du peuple.

L'utilité du pass sanitaire pour éviter une surcharge hospitalière, retrouver une vie quasi-normale et voyager plus facilement a été reconnue. Le gouvernement peut souffler.

Soutenu par tous les grands partis, à l'exception de l'UDC, il a également insisté sur les enjeux économiques, notamment pour la gastronomie, le sport ou la culture lors de la campagne. Des arguments qui semblent avoir porté leurs fruits.

Bâle-Ville en tête

Sans surprise Bâle-Ville (70,6%) affiche le plus fort soutien. Le canton urbain est à la croisée de trois pays. Le certificat sanitaire, qui facilite notamment les déplacements à l'étranger, lui est donc vital. Il est suivi d'un autre canton urbain Zurich (66,2%). Le Tessin (65,3%), dont l'économie est étroitement imbriquée avec l'Italie, arrive en troisième position.

Les cantons romands sont moins enthousiastes. S'ils approuvent toujours largement le texte, Neuchâtel (64,4%), Vaud (63,6%), Genève (62,9%) ou encore le Jura (54,7%) voient leur nombre de partisans diminuer par rapport à la précédente votation. Le Valais (58,5%) et Fribourg (61,6%) acceptent en revanche plus largement le projet. A Berne, le soutien augmente aussi à 62,5%.

Au final, plus de 2,2 million d'électeurs ont approuvé le texte. Et un peu moins de 1,4 million ont glissé un bulletin défavorable dans l'urne. Le taux de participation s'est élevé autour des 65%.

Climat tendu

Les Suisses ont été convaincus, malgré une campagne toujours plus offensive de la part des opposants. Les manifestations contre les mesures sanitaires se sont multipliées, prenant parfois un tour violent. Des ministres cantonaux favorables à la loi Covid-19 ont été menacés, voire même agressés.

A l'issue des votations, des opposants sont descendus dans la rue de Lausanne et Berne. Aux abords de la Place fédérale, ils ont scandé "Liberté, liberté, liberté" et sonné des cloches. La police, qui avait bouclé le quartier au préalable, était aux aguets.

Vers un "éveil des consciences", selon le comité référendaire

Malgré la défaite, le référendum contre la loi Covid-19 constitue la victoire de l'éveil des consciences, a indiqué dimanche Werner Boxler, coprésident des Amis de la Constitution. "Cette loi n'est pas bonne pour la démocratie suisse", a-t-il répété.

Il relève que près de 40% des votants ont quand même rejeté cette loi Covid. Le comité référendaire a dû se battre contre la désinformation du livret du Conseil fédéral et du Parlement. Il suivra de près les débats des Chambres qui entament dès lundi la 4e révision de la loi.

Il faut parfois plusieurs tentatives pour arriver à faire passer le message sur le certificat sanitaire, les pleins pouvoirs du Conseil fédéral et la surveillance des citoyens, a-t-il déclaré au micro de la télévision RTS. "On verra à quelle sauce on sera mangé ces prochains mois", a lancé le coprésident des Amis de la Constitution, rappelant que cette loi est votée pour 10 ans, jusqu'à 2031.

Le débat n'est pas clos tant qu'il y aura une loi d'urgence. Le Conseil fédéral peut gouverner par ordonnance, ce qui crée un vide juridique qui déboussole même les juristes. Interrogé sur les appels à manifester qui circulent sur les réseaux sociaux, M. Boxler a précisé qu'il acceptait le suffrage universel. Il n'y a pas d'appel à manifester à Berne, mais à Lausanne.

Le peuple approuve la stratégie modérée du gouvernement

Avec une majorité de près de deux tiers, le peuple a montré qu'il approuve la voie de la modération choisie par le Conseil fédéral pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, selon Isabelle Moret (PLR/VD). Elle s'est félicitée de la victoire de la démocratie.

Le peuple s'est une fois de plus prononcé directement sur les mesures décidées par le gouvernement et le résultat montre qu'il approuve la stratégie modérée choisie, a-t-elle déclaré dimanche sur le plateau de la télévision RTS. Elle appelle maintenant au dialogue: "Il est important de traverser cette crise ensemble", a-t-elle dit.

Un souhait repris par Michel Matter (PVL/GE) pour qui il est difficile de voir une Suisse aussi divisée alors que les autorités essaient de laisser le plus de liberté aux citoyens. "La liberté, on y travaille tous. Il faut désormais travailler ensemble et aller de l'avant". (AWP)