• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

2020, sombre année pour le chômage des jeunes

Si le marché des places d’apprentissage n’a pas été bouleversé par la pandémie l’an dernier, l’accès à un premier emploi s'est révélé bien plus difficile.

En décembre, les 20 - 29 ans affichaient un taux de chômage de 4,2%, soit un bond de plus de 40% sur un an. La formation supérieure est davantage touchée.
Keystone
En décembre, les 20 - 29 ans affichaient un taux de chômage de 4,2%, soit un bond de plus de 40% sur un an. La formation supérieure est davantage touchée.
08 janvier 2021, 17h33
Partager

Les jeunes sont-ils les grands perdants de la crise sanitaire? Oui, si l’on en croit les chiffres publiés vendredi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). En décembre, les personnes âgées entre 20 et 29 ans affichaient un taux de chômage de 4,2%, soit un bond de plus de 40% sur un an. Les 15 à 24 ans ont subi le même sort. Ils étaient près de 17.700 à rechercher un emploi à la fin de l’année dernière. A titre de comparaison, les quinquagénaires se sont situés en dessous de la moyenne nationale qui s’élève à 3,5%. Quant aux 60-64 ans, ils ont enregistré un taux de chômage de 4,1%. 

Les apprentis sont néanmoins davantage épargnés que les salariés âgés de 20 à 24 ans. Idem en ce qui concerne le niveau d’éducation. En décembre, 1891 individus suivant une formation professionnelle se trouvaient au chômage contre 11.119 spécialistes. Cette dernière catégorie regroupe les employés effectuant des tâches complexes et sous leur seule responsabilité. 

Le taux de chômage des 15 à 24 ans n'avait plus été autant élevé depuis 2017.
Le taux de chômage des 15 à 24 ans n'avait plus été autant élevé depuis 2017.

Une augmentation saisonnière

Globalement, le chômage a légèrement augmenté le mois dernier par rapport à novembre. Cependant, «cette hausse est principalement liée à des facteurs saisonniers et non structurels», a déclaré le chef de la direction du travail au Seco, Boris Zürcher, en conférence de presse. Ainsi, dans la construction, le taux de chômage s’est fixé à 6,8%. Il est par ailleurs resté élevé dans l’hôtellerie et la restauration à 9,3%. 

«En 2020, le taux de chômage a atteint 3,1%, ce qui représente une hausse de 0,8 point de pourcentage par rapport à l’année précédente», précise Boris Zürcher. Il a progressé d’un point auprès des jeunes contre 0,7 point auprès des seniors.

Moins de places vacantes

L’augmentation du chômage des jeunes illustre avant tout leur difficulté à accéder à un premier emploi. Le nombre de postes vacants a en effet diminué au cours d’une année où l’économie a été durement frappée par la pandémie. Pour le seul mois de décembre, le recul se chiffre à 3636. «Il y a un sous-emploi en Suisse», reconnaît le chef de la direction du travail au Seco. L’Union syndicale suisse (USS) avance un chiffre de 10% pour le taux de sous-emploi. Ce dernier englobe non seulement les personnes au chômage et en réduction de l’horaire de travail (RHT) mais aussi celles qui souhaiteraient travailler davantage. 

Elément plus réjouissant: les jeunes ne restent pas longtemps au chômage. En décembre, ils ne représentaient que 2,5% des chômeurs de longue durée, soit ceux à la recherche d’un emploi depuis au moins un an. 

Pas de licenciements massifs

Autre aspect plus positif: il n’y a pas eu de licenciements massifs en 2020, grâce au chômage partiel étendu. «Cet instrument a permis d’atténuer fortement les conséquences négatives de la pandémie sur les entreprises», souligne Boris Zürcher. Au pic de la première vague en avril, 1,3 million d’actifs sur cinq millions bénéficiaient de cette prestation, un chiffre encore jamais atteint. Ce phénomène se poursuit, de manière moins forte cependant: en novembre dernier, un préavis d’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail (RHT) a été déposé pour près de 645.500 salariés. Ce printemps, 69% des travailleurs actifs dans l’hébergement et la restauration se trouvaient dans cette situation. 

En 2020, l’assurance chômage a d’ailleurs versé 10,8 milliards de francs d’indemnités RHT aux sociétés, contre 0,03 milliard l’année précédente. Les allocations de chômage se sont elles élevées à 6,4 milliards. C’est 1,5 milliard de plus qu’en 2019. La Confédération a renfloué l’assurance chômage à hauteur de 10,8 milliards, selon son responsable au Seco, Oliver Schärli. «Et elle se dit prête à agir à nouveau». Au niveau des abus, un peu moins de 10% des entreprises contrôlées ont violé la loi de manière délibérée. Cette année, le bureau de la Confédération table sur un taux de chômage de 3,3%. 

«Nous ne souhaitons pas un changement structurel forcé»

Interrogé sur les nouvelles aides à l’économie qui seront annoncées mercredi prochain par le Conseil fédéral, Boris Zürcher a répondu que son bureau faisait tout son possible pour maintenir l’emploi. «Nous ne souhaitons pas un changement structurel forcé», martèle-t-il. Et d’ajouter qu’il existe une asymétrie fondamentale entre les mesures sanitaires et économiques. Les premières se basent sur la loi sur les épidémies acceptée par le peuple en 2013. Cette législation laisse une large marge de manœuvre au gouvernement qui peut plus facilement prendre de nouvelles mesures. Chaque nouvelle aide économique nécessite au contraire de passer devant le Parlement. La Confédération planche toutefois sur un élargissement des aides actuelles, d’après Boris Zürcher. Les critères pour les cas de rigueur pourraient ainsi être assouplis.