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Weezevent veut convaincre les festivals romands d’abolir le cash

Weezevent annonce lundi l’acquisition du belge Playpass, pour former «le champion européen» du paiement dématérialisé. L'entreprise vise une croissance à deux chiffres en Suisse, via les grands festivals romands.

Le Paléo Festival déclare «réflechir sérieusement à une édition 2021 100% cashless»
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Le Paléo Festival déclare «réflechir sérieusement à une édition 2021 100% cashless»
08 mars 2021, 10h00
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Le principe de payer sa boisson à l’aide de son bracelet «cashless» risque de s’accélérer dans les festivals et spectacles à l’avenir. Non seulement à cause du contexte sanitaire, mais parce que deux des plus grands acteurs actifs sur ce marché viennent de fusionner pour former «le champion européen» du paiement dématérialisé. 

L’entreprise française Weezevent annonce en effet ce lundi avoir mis la main sur la société belge PlayPass. Ces deux noms ne vous disent peut-être rien, mais ce sont deux prestataires majeurs des organisateurs d'événements. Ils développent des systèmes de paiement cashless sous la forme de bracelets, de cartes, ou d’application dédiée via les smartphones.

À eux deux ils fournissent plus d’un millier de producteurs de festivals et spectacles. Parmi leurs clients, le géant américain Live Nation (qui possède un festival en Suisse l'Open Air Frauenfeld), le club de football du Paris Saint-Germain (PSG), ou encore les évènements Red-Bull.

Le retour des événements à une situation normale post-Covid va accélérer l’adoption du cashless

Porte-parole de Weezevent

Aussi, ce rapprochement touche le marché suisse de l’événementiel. Depuis moins de deux ans, l’entreprise française a ouvert une filiale basée à Lausanne. Elle travaille avec notamment le Venoge Festival, les conférences TED X ou le Lausanne-Sport. «Nous avons de grands objectifs de croissance en Suisse. Le retour des événements à une situation normale post-Covid va accélérer l’adoption du cashless dans les pays encore réticents. Il s’agit d’être prêt pour le marché tout en continuant d’innover», estime Laurent Klunge, directeur de l’antenne helvétique, qui vise un chiffre d’affaires de 5 millions de francs d’ici trois ans (le groupe Weezevent annonçait 195 millions d’euros de revenus en 2019). 

À demi-mot, l’entreprise vise les grands festivals romands. Justement, du côté des organisateurs, on s’intéresse à la question. Le Paléo Festival déclare «réflechir sérieusement à une édition 2021 100% cashless», sans mentionner avec quel prestataire il est en discussion. Le format de cet été, plus petit que d’habitude, permettrait aux organisateurs de tester cette pratique avant de la généraliser pour les prochaines éditions. «Cela permet entre autres de les respecter les mesures de distanciation sociale aux points de vente  en évitant la formation de file d’attente, par exemple»

Le Montreux Jazz Festival quant à lui se montre plus réservé. «Nous n’envisageons pas de passer par un système de bracelet cashless, car cela ajouterait une contrainte supplémentaire pesant sur le public», fait-il savoir. Le festival déclare qu'une grande majorité des visiteurs paient déjà quasiment uniquement par carte, mais que les organisateurs se dirigent plutôt vers une suppression du cash à moyen terme. 

Pourtant, la manifestation montreusienne avait été l’un des précurseurs en la matière.  Dans les années 2000, il avait introduit des «jazz», une monnaie de substitution au franc «afin de pouvoir connaître et contrôler les transactions effectuées dans les stands du festival. Mais cette méthode était contraignante, surtout sur le plan logistique (coûts des matériaux, livraison, quantité à commander, etc.)», justifie le porte-parole.  

Weezevent, dont le groupe Veepee est actionnaire minoritaire, est aussi présent sur le marché de la billetterie depuis neuf ans. En 2019, l’entreprise avait délivré environ 20 millions de tickets pour des événements de tout type. À titre de comparaison, le leader suisse Ticketcorner en avait vendu 10 millions cette année-là, son record. 

Contrairement à son concurrent, le géant helvétique ne se positionne pas encore sur le marché du paiement dématérialisé. «La plupart du temps, les organisateurs travaillent soit avec leurs propres solutions, soit avec des partenaires comme Twint ou des sociétés de cartes de crédit. Ces derniers fournissent aux organisateurs des terminaux pour le paiement sans contact», justifie l’entreprise basée à Zurich, qui rappelle avoir travaillé sur ce genre de projets pour des festivals il y a quelques années.