Fidèle à sa stratégie, la grande marque horlogère Patek Philipp se refuse toujours de recourir à la vente en ligne, contrairement à nombre de ses concurrents qui ont sauté le pas, mais suit de près le secteur de la seconde main.
«2021 a étonnement bien commencé. Les relations renforcées entre nos détaillants et la clientèle locale y ont beaucoup contribué», a expliqué Thierry Stern, le président de la maison en marge du salon horloger numérique Watches and Wonders Geneva, l'ex-SIHH, qui se tient du 7 au 13 avril. Les emplettes des clients locaux sont devenues très importantes, notamment en Europe, les touristes qui soutiennent beaucoup le secteur ne pouvant toujours pas voyager en raison des restrictions sanitaires.
«Nous visons une production de 60.000 pièces pour 2021 mais l'atteinte de cet objectif dépendra aussi de l'évolution de la pandémie», a par ailleurs indiqué le patron de l'entreprise familiale. L'année dernière, le Genevois a souffert des deux mois de fermeture des usines lors du semi-confinement instauré au printemps, ce qui a limité la production.
Cet arrêt des activités, notamment, a provoqué une baisse des recettes de 20%, un repli peu ou prou conforme à la contraction des exportations horlogères suisses (-21,8%).
Stabilité des prix
«Notre prix moyen est resté stable en 2020, comme ce fut le cas ces cinq dernières années», a mis en exergue le président de la maison dont les clients doivent parfois s'inscrire sur une liste d'attente pour acquérir le modèle convoité.
La banque Vontobel estime que la société a enregistré l'année dernière un chiffre d'affaires de 1,2 milliard de francs. Selon les experts de l'établissement bancaire, Patek Philippe serait la 4e plus grande maison horlogère suisse en termes de ventes après Rolex, Omega et Cartier.
Evoquant brièvement l'évolution des marchés en ce début d'année, M. Stern a mis en exergue que l'Asie continue à assurer son rôle de moteur et que l'Europe et les Etats-Unis se remettent lentement des séquelles de la crise sanitaire au cours de laquelle les boutiques ont été fermées et le tourisme s'est arrêté.
Contrairement aux années avant-pandémie, où la célèbre maison présentait la grande partie de ses nouveautés lors de la foire horlogère Baselworld, en 2021, les lancements seront étalés sur cinq moments clés. Le premier a été réalisé en début d'année, le deuxième lors du Watches and Wonders Geneva et les autres suivront au cours des prochains mois.
«Environ 15% de notre production sera faite de nouveaux garde-temps et nous aurons des produits dans toutes les catégories de prix et de complication», a affirmé l'horloger dont les annonces sont très suivies dans le secteur.
La maison genevoise avait lancé peu de nouveautés en 2020.
Marché secondaire surveillé
Alors que bon nombre de marques horlogères ont décidé d'utiliser l'e-commerce, Patek Philippe continuera à se passer de ce canal. «A la demande de nos détaillants, nous avons accepté qu'il vendent nos montres en ligne lorsque la plupart des boutiques étaient fermées mais cela n'a pas marché. Les clients qui acquièrent une Patek veulent pouvoir aller dans une boutique», a soutenu M. Stern.
Patek Philippe observe cependant de près le marché horloger de seconde main, un secteur en croissance. «Nous n'envisageons pas d'y entrer actuellement, mais je le surveille. Je ne suis pas convaincu que ce soit le rôle d'une maison horlogère d'y intervenir parce que c'est un métier très différent du nôtre.»
Certains détaillants du Genevois étant actifs dans cette branche dédiée aux montres d'occasion, M. Stern a souligné qu'il est important de mettre en place des règles claires avec les distributeurs de la maison. «On y travaille encore», a-t-il dit.
En outre, le président s'est déclaré satisfait de son réseau de distribution constitué d'environ 440 points de vente, contre 700 il y a quelques années. (AWP)