L’invité: Jean-Daniel Laffely
Sa fonction: CEO
Son entreprise: Vaudoise Assurances
La remontée des taux d’intérêt produite par le resserrement monétaire de la Banque nationale lancé en juin 2022 a profité aux banques. De nombreux établissements, notamment cantonaux, ont pu reconstituer leurs marges sur les crédits que les taux négatifs avaient laminées. Pour les assureurs, cette remontée est aussi «une très bonne nouvelle», se réjouit Jean-Daniel Laffely dans «Be to B».
Le directeur général de Vaudoise Assurances, septième plus grand acteur non-vie du marché suisse, annonce cependant qu’une «phase d’adaptation» s’impose avant de pouvoir pleinement en profiter. Cette transition prendra «trois à quatre ans» avant que les assureurs puissent voir dans leur bilan l’effet positif de la remontée des taux, «parce qu’on ne peut pas passer directement au nouveau placement». En revanche, la clientèle en profite dans «les offres qui sont faites maintenant», souligne le CEO.
Au cours des dernières années, le domaine de l’assurance a pris de l’ampleur dans l’économie suisse. «En pourcentage du PIB, [si l’on inclut] la réassurance, la part est plus importante que celle du secteur bancaire», observe Jean-Daniel Laffely. Cette progression vient à la fois des déboires de certaines banques, comme la fin de Credit Suisse, mais aussi au «besoin d’assurance qui a tendance à se renforcer», analyse-t-il.
Ce besoin s’explique aussi par les «réseaux sociaux, ou respectivement de la presse qui parfois est un peu anxiogène et pousse tout un chacun à être assuré correctement», estime le responsable de Vaudoise Assurances, dont le nombre de collaborateurs dépasse les 1800 qui s’occupent de près d’un demi-million de clients, particuliers ou entreprises.
Le dérèglement climatique constitue «un défi important pour la branche d’assurance au sens large du terme», reconnaît le CEO. Il constate que «l’intensité des dommages naturels a tendance à augmenter». A titre d’exemple, le passionné de statistique cite la grêle au Tessin cette année. Selon l’historique de la Vaudoise, fondée il y a 125 ans, le dommage moyen pour un véhicule dans un tel cas atteint 3000 à 6000 francs. Cette fois, «la valorisation s’élève à 8000 francs», détaille-t-il.
Face à ces événements, «la branche est bien organisée», assure Jean-Daniel Laffely. En particulier, un «pool des dommages naturels» alimenté par tous les assureurs «permet une répartition proportionnelle [des coûts] à notre part de marché».
En revanche, pour les assurés, ces sinistres plus fréquents et plus coûteux se traduisent par des «primes [qui] ont déjà augmenté cette année, pas seulement chez nous, mais chez nos concurrents aussi», admet l’assureur. Qui juge cette répercussion auprès du client final «inévitable».
Interrogé sur la stratégie sponsoring de son groupe, Jean-Daniel Laffely indique que le montant du soutien à la Vaudoise Aréna à Lausanne n’est pas public. Il coûte entre «1 franc et 10 millions», sourit-il. L’engagement marketing dans le tennis est cependant plus important, complète-t-il, en particulier auprès de la relève incarnée par Dominic Stricker et Céline Naef.