L’invité: Grégoire Pennone
Sa fonction: CEO
Son entreprise: One Swiss Bank
One Swiss Bank tient ce jeudi une assemblée générale extraordinaire. Son but, comme annoncé mi-octobre, sortir de la Bourse. Le CEO de la banque, qui a fait cette proposition, est-il confiant sur l’issue du vote? «Oui, je pense qu’il n’y a pas énormément d’arguments pour maintenir la cotation en tant que telle», répond Grégoire Pennone dans «Be to B». Les exigences boursières coûtent entre 0,3 et 0,5 million de francs par an, «mais il n’y a pas de véritable valeur ajoutée pour les parties prenantes», ajoute-t-il, relevant le faible volume de transactions sur le titre et qu’il «n’y a quasiment pas de [capital] flottant». La Holding de Participations de Famille, détenue par la famille Pennone, possède 31,54% des actions.
La cotation a été héritée de Banque Profil de gestion, intégrée au groupe en 2021. Au 30 juin dernier, One Swiss Bank affichait 5 milliards de francs sous gestion, un bénéfice net de 5,8 millions pour le premier semestre et quelque 80 collaborateurs. L’établissement genevois propose des services de gestion de fortune et institutionnelle. Il compte grandir dans ces deux domaines et profiter de la disparition de Credit Suisse. Le CEO pense notamment qu’une partie de la clientèle institutionnelle ne souhaite plus «travailler uniquement avec des grandes institutions».
Pour Grégoire Pennone, la finance durable relève d’une «conviction personnelle». «Je me déplace en transport public ou à vélo, je prends des douches froides», avance-t-il, ayant appliqué la durabilité d’abord à la gestion de sa banque, qu’il dirige depuis 2015. Pour une PME comme la sienne, qui sort d’une période de redressement, «la première question de durabilité c’est de maintenir l’entreprise […] et de préserver les emplois», rappelle-t-il.
Parmi la clientèle privée, «nettement moins que la moitié» demande des produits dits ESG (environnement, social, gouvernance), observe-t-il. Mais pas question pour Grégoire Pennone de lui «donner des leçons sur ces sujets-là», tout au plus peut-il les «orienter» sur la préservation de la planète ou la décarbonation de l’économie. Du moins pour l’instant. «Je suis venu avec des idées qui étaient un petit peu atypiques dans notre secteur. Par exemple, si on investit dans une société qui a une mauvaise note ESG, […] on double le courtage.» La somme récoltée serait «mise à disposition peut-être pour faire de bonnes actions». Jusqu’à présent, il n’a toutefois pas convaincu son équipe.
Fin octobre, le Conseil fédéral a intimé la place financière d’en faire davantage pour lutter contre l’écoblanchiment. Sous peine de faire voter une loi. «On arrive toujours à un stade où un certain nombre d’acteurs ont des comportements qui sont un peu déviants, […] et on en arrive à légiférer», déplore Grégoire Pennone. Le CEO redoute une nouvelle couche de réglementation qui imposera des coûts supplémentaires surtout aux petits établissements.