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L'action Credit Suisse au plus bas après une perte de 7,3 milliards de francs

L'établissement a subi l'an dernier le plus lourd débours depuis la crise financière de 2008. A 15h56, la nominative chutait de 13,1% à 2,822 francs.

Credit Suisse a annoncé jeudi, en marge de ses résultats annuels, le rachat de l'américain The Klein Group, l'activité de banque d'affaires de Michael Klein.
KEYSTONE
Credit Suisse a annoncé jeudi, en marge de ses résultats annuels, le rachat de l'américain The Klein Group, l'activité de banque d'affaires de Michael Klein.
09 février 2023, 16h00
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Ce qu'il faut savoir

• La banque a essuyé sa plus lourde perte depuis celle subie lors de la crise financière des subprimes de 2008.

• L'établissement annonce le rachat de l'américain The Klein Group, l'activité de banque d'affaires de Michael Klein. Ce dernier prendra les commandes de CS First Boston, la future banque d'affaires en voie d'autonomisation du groupe bancaire zurichois.

• La banque va réduire de 50% le montant disponible pour les bonus des salariés au titre de 2022, a indiqué le directeur financier Dixit Joshi jeudi lors d'une conférence de presse.

• L'action Credit Suisse est tombée à un nouveau plus bas peu avant 16 heures (-13,1% à 2,822 francs).

• En pleine transformation, le numéro deux bancaire suisse avance avec son lourd programme de réduction des coûts. Sur les quelque 9000 suppressions d'emplois annoncées, près de 4% ont été réalisées en fin d'année dernière.

• Notre Editorial: Un marathon périlleux

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La banque Credit Suisse a subi une perte abyssale l'année dernière, conséquence de ses déboires financiers et de la vaste restructuration amorcée en 2022. Les actionnaires devront se contenter d'un dividende de 5 centimes, après 10 centimes un an plus tôt.

Le numéro deux bancaire helvétique a enregistré une perte nette de 7,29 milliards de francs en 2022, le plus lourd débours depuis la crise financière de 2008, et après avoir déjà inscrit un résultat net négatif de 1,65 milliard en 2021, a annoncé l'établissement zurichois jeudi.

Le produit net s'est contracté de 34% à 14,92 milliards et la perte avant impôts a atteint 3,26 milliards, contre -600 millions un an plus tôt.

Au seul quatrième trimestre, la banque aux deux voiles a cependant réduit sa perte nette à 1,39 milliard, après -2,1 milliards un an plus tôt, ce qui en fait néanmoins la cinquième perte trimestrielle d'affilée. Ce résultat n'est pas une surprise, puisque la société avait averti en novembre dernier s'attendre à une perte avant impôts d'environ 1,5 milliard au dernier partiel.

Ces chiffres trimestriels sont supérieurs aux prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP.

Ces résultats «ont été très fortement affectés par l'environnement tant macroéconomique que géopolitique difficile, qui a généré de l'incertitude sur les marchés et une aversion au risque chez les clients. Cet environnement a eu un impact défavorable sur l'activité clientèle dans toutes nos divisions», a expliqué l'établissement.

Le groupe a aussi fait face à de vastes sorties d'argent nouveau. Ces reflux ont atteint 123,2 milliards sur l'ensemble de l'année. Credit Suisse avait précédemment fait état, sur les premières semaines d'octobre, de retraits avoisinant les 84 milliards, dont 64 milliards pour la seule activité de gestion de fortune. Les actifs sous gestion ont quant à eux reculé de 19,8% à 1294 milliards.

Malgré ces difficultés, la banque est parvenue à améliorer sa capitalisation, le ratio de fonds propres durs (CET1) montant à 14,1% au quatrième trimestre 2022, contre 12,6% au partiel précédent.

«Un plan clair»

«2022 a été une année cruciale pour le Credit Suisse. Nous avons annoncé notre plan stratégique pour créer une banque plus simple, plus ciblée, axée sur les besoins de ses clients et depuis octobre nous le mettons en oeuvre à un rythme soutenu», a indiqué le directeur général Ulrich Körner, cité dans un communiqué.

Face à ses nombreux déboires, Credit Suisse avait annoncé l'année dernière un vaste plan de relance comprenant une «restructuration radicale» de sa banque d'affaires et une réduction des coûts se soldant par 9000 emplois supprimés. Ses actionnaires ont par ailleurs validé une augmentation de capital de 4 milliards de francs.

Selon le patron, la banque dispose désormais «d'un plan clair pour créer un nouveau Credit Suisse». Le groupe veut «continuer à mener à bien (sa) transformation stratégique sur trois ans en redéfinissant les contours de (son) portefeuille, en réallouant le capital, en réduisant la taille de (sa) base de coûts et en tirant parti de (ses) activités 'leaders'», a-t-il ajouté.

En guise de perspective pour 2023, Credit Suisse a averti s'attendre à une perte avant impôts «substantielle», sans détailler de chiffre. La banque table sur des charges de restructuration de 1,6 milliard cette année et de 1 milliard la suivante. D'ici 2025, elle vise un ratio CET1 de 13,5%. 

Le titre en nette baisse

A la Bourse suisse, les investisseurs restaient sur la retenue, faisant replonger le titre sous la barre des 3 francs. A 14h20, la nominative chutait de 7,8% à 2,997 francs, dans un SMI en hausse de 0,07%.

«Un faible quatrième trimestre conclut une année 2022 terrible», ont commenté les analystes de Vontobel dans une note, évoquant «l'une des pires années dans les 167 ans d'histoire» de la banque. L'établissement a enregistré des pertes sur sept des neuf derniers trimestres et prévient que 2023 se soldera par une perte avant impôts «substantielle», ont-ils résumé.

L'exercice 2024 pourrait être synonyme de rebond, même si les bénéfices seront «minimes» alors que la restructuration du groupe va prendre du temps, s'est avancé Vontobel.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) a relevé que les reflux de 110,5 milliards au dernier trimestre 2022 étaient plus élevés qu'anticipé par le marché. Le faible cours de l'action Credit Suisse reflète les risques liés à la restructuration, les affaires juridiques en cours et les incertitudes liées à d'éventuels nouveaux reflux de liquidités, ont-ils énuméré. (AWP)

La banque avance dans la création de CS First Boston

Credit Suisse a annoncé jeudi, en marge de ses résultats annuels, le rachat de l'américain The Klein Group (MK&C), l'activité de banque d'affaires de Michael Klein. Ce dernier prendra les commandes de CS First Boston, la future banque d'affaires en voie d'autonomisation du groupe bancaire zurichois.

Le prix de l'acquisition a été fixé à 175 millions de dollars, partiellement sous forme d'obligation convertible en actions CS First Boston, a précisé la banque aux deux voiles dans un communiqué. M. Klein prendra également les commandes de l'activité Banking et de la région Amériques. Il rejoint ainsi la direction générale de Credit Suisse.

MK&C, dont le siège est à New York et qui emploie une quarantaine de personnes, a prêté ses conseils pour des opérations représentant une valeur de 1500 milliards de dollars depuis sa création en 2010. L'activité a été décrite comme étant «constamment rentable». Dans la foulée de ce rachat, les employés de la firme américaine vont rejoindre CS First Boston.

Le patron de Credit Suisse, Ulrich Körner, a évoqué «une opportunité exceptionnelle» pour le groupe bancaire zurichois et une «décision stratégique pour créer de la valeur pour les actionnaires». M. Klein «est un banquier exceptionnel et un négociateur éprouvé», a ajouté Ulrich Körner. Selon ce dernier, l'arrivée de l'homme d'affaires américain va porter les activités de CS First Boston.

Impact limité sur les fonds propres

Le directeur général de Credit Suisse a insisté sur le fait que la création de CS First Boston comme entité indépendante était «une étape importante dans la transformation» de la banque. L'opération de rachat, finalisée au premier semestre, doit avoir un impact inférieur à 10 points de base sur le ratio de fonds propres durs (CET1).

Credit Suisse conservera le contrôle de la nouvelle entité et se réserve le droit d'y intégrer d'autres capitaux. L'autonomisation de cette nouvelle entité devrait cependant prendre deux ans ou plus, a détaillé M. Körner lors d'une conférence de presse téléphonique. Plusieurs investisseurs sont intéressés à participer à la future structure.

Fin octobre, le groupe avait indiqué avoir reçu l'intérêt d'un investisseur, non identifié, qui serait prêt à injecter 500 millions de dollars dans la nouvelle entité. Cet intérêt est toujours d'actualité, a insisté le patron.

Avec la restructuration et l'externalisation de sa banque d'affaires, Credit Suisse compte réduire les risques qui y sont liés. De 45-50 milliards précédemment, les actifs pondérés aux risques (RWA) devraient passer à terme autour de 20 milliards sous la nouvelle entité, selon des documents de présentation. L'exposition aux effets de levier doit quant à elle baisser de 100 milliards à moins de 50 milliards.

A terme, Credit Suisse compte dégager des recettes supérieures à 2,5 milliards de dollars avec CS First Boston, dont une introduction en Bourse ou une externalisation sont agendées d'ici au plus tôt fin 2024. (AWP)

La banque progresse avec les réductions de coûts et d'effectifs

Credit Suisse, en pleine transformation, avance avec son lourd programme de réduction des coûts. Sur les quelque 9000 suppressions d'emplois annoncées, près de 4% ont été réalisées en fin d'année dernière.

La banque a par ailleurs réduit le nombre d'externes de 30% et celui des consultants de 20%. Dans la banque d'affaires, en plein remembrement, les effectifs ont été rabotés de 13%, a détaillé Credit Suisse jeudi dans des documents de présentation publiés en marge des résultats annuels. Le nombre de salariés doit ainsi passer de 49.000 au total en 2022 à 43.000 en 2025, soit une baisse de 17%.

En 2023, l'établissement zurichois veut réduire ses dépenses de 1,2 milliard de francs. L'objectif est de passer la base de coûts de 16,2 milliards de francs en 2022 à 14,5 milliards en 2025.

Cette réorganisation va se traduire par des frais de restructuration de 1,6 milliard cette année, après 400 millions au dernier trimestre 2022. Et en 2024, la banque s'attend à des charges supplémentaires de 1 milliard. (AWP)