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Une ceinture spatiale suisse pour assister un hôpital italien

Le projet COMO de la start-up tessinoise Vexatec et du CSEM aidera les hôpitaux à gérer l’afflux de patients lié à la pandémie de Covid-19. Des tests cliniques sont en cours pour désengorger une clinique de Milan.

La ceinture connectée enregistrera les paramètres vitaux de patients atteints du Covid-19 qui seront rentrés chez eux pour désengorger les hôpitaux.
Reto Duriet
La ceinture connectée enregistrera les paramètres vitaux de patients atteints du Covid-19 qui seront rentrés chez eux pour désengorger les hôpitaux.
14 décembre 2020, 18h04
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Après avoir surveillé les paramètres vitaux d’astronautes, des ceintures thoraciques «swiss made» accompagneront bientôt la rémission de patients atteints du Covid-19. A l’hôpital universitaire Luigi Sacco de Milan, elles monitoreront le rythme cardiaque et respiratoire de malades dans le but de désengorger l’établissement.

«Nous visons à alléger la pression sur les infrastructures d’urgence et de soins intensifs», explique Michael Gyssler, directeur commercial de la start-up Vexatec. La jeune société est à la tête du projet helvetico-italien COMO, pour COronavirus remote MOnitoring of outpatients. A ses côtés, le Centre suisse d'électronique et de microtechnique (CSEM) de Neuchâtel d’où est issue la technologie déployée par les ceintures. Le troisième acteur du consortium est l’agence de solutions numériques napolitaine EOS, chargée du volet informatique.

«Les patients prendront la ceinture à domicile et la porteront non-stop, sauf sous la douche», indique Michael Gyssler. Deux capteurs enregistreront leurs fréquences cardiaque et respiratoire. Ces informations seront envoyées sur leur smartphone, puis relayées à une plateforme accessible au personnel médical. En cas de paramètres inférieurs ou supérieurs à un seuil prédéfini, «le système génèrera automatiquement une notification à destination de l’équipe médicale», indique un communiqué publié vendredi. 

Les patients de l’hôpital lombard pourront ramener les ceintures chez eux dès janvier. Vexatec espère alors toucher plus de 500 participants en six mois. A terme, la jeune pousse fondée en 2016 compte capitaliser sur cette expérience pour commercialiser un produit de télémédecine, «mais cela prendra du temps vu les régulations dans le secteur», estime Michael Gyssler. Entre-temps, l’équipe d’une dizaine d’employés dévoilera une solution de surveillance respiratoire grand public. Destinée aux marchés du bien-être et du sport, elle sera disponible «dès l’an prochain», annonce le COO.

Ceinture neuchâteloise

COMO s’appuie sur une technologie initialement conçue par le CSEM pour accompagner les participants de missions scientifiques de l’Agence spatiale européenne (ESA). Embarquées sur la base Concordia, en Antarctique, les ceintures surveillaient les paramètres physiologiques des astronautes lors de leurs entraînements qui s’étendaient parfois sur des semaines. «L’ESA cherchait une solution d’électrocardiogramme (ECG) qui s’utilise plus longtemps que des électrodes adhésives, portées durant 24 à 48 heures au maximum. Or rien n’existait sur le marché», raconte Pascal Heck, chef de projet au CSEM pour les applications médicales.

Après ces missions, le CSEM a planché sur l’adaptation de ce dispositif pour une utilisation dans la Station spatiale internationale. Une initiative qui est restée au stade d’étude, «le système n’a finalement jamais été utilisé dans l’espace», précise Pascal Heck.

Des hôpitaux suisses ont manifesté leur intérêt. Cela viendra peut-être dans un second temps

Michael Gyssler

Un point d’entrée italien

Le début du projet remonte à fin mars. Au cœur de la première vague, l’ESA a lancé un appel pour revaloriser des technologies spatiales en ciblant des problèmes liés à la pandémie. Vu que l’Italie était en première ligne, «il fallait que des partenaires d’implémentation soient sur sol italien», décrit Pascal Heck. A terme, COMO pourrait être déployée plus largement en Europe. «Des hôpitaux suisses ont manifesté leur intérêt. Cela viendra peut-être dans un second temps», complète Michael Gyssler.

La solution proposée par Vexatec, EOS et le CSEM offre une seconde vie aux 400 ceintures thoraciques qui patientaient dans les tiroirs du centre de recherche neuchâtelois. «Nous avons décidé de les mettre à disposition gratuitement», ajoute Pascal Heck. Outre les fonds de l’ESA, l’initiative COMO est soutenue par l’Agence spatiale italienne (ASI). La première finance environ 50% des coûts générés en Suisse, à travers le Swiss Space Office. La seconde prend en charge 80% des efforts de développement côté italien.