• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Un revers pour Credit Suisse Asset Management

Credit Suisse a dû déprécier une part importante de son engagement dans le gestionnaire d’actifs américain York Capital Management. Ce dernier confirme son engagement dans Ultima Capital coté à BX Swiss.

Un revers pour Credit Suisse Asset Management
24 novembre 2020, 18h23
Partager
La réorientation stratégique que York Capital Management (CM) a annoncée lundi a apparemment des répercussions financières sur deux sociétés suisses. La première, Credit Suisse. La grande banque doit ainsi procéder à une dépréciation de valeur de 450 millions de dollars dans ses comptes sur sa participation dans le gestionnaire d’actifs alternatif américain. La deuxième, Ultima Capital. Le propriétaire de biens immobiliers destinés à des séjours d’une clientèle fortunée, coté à BX Swiss, annonce quant à lui l'annulation d’options put/call de York CM.

Asset Management de Credit Suisse déjà placé sous revue stratégique

Après la dépréciation de valeur, le ratio de fonds propres durs de Credit Suisse diminuera de 7 points de base. Les chiffres les plus accessibles font penser à une perte totale pour Credit Suisse. Son investissement initial en 2010 dans York CM s’était monté à 425 millions de dollars (contre une dépréciation de l’ordre de 450 millions de dollars), pour prendre une part estimée à 30%. La grande banque a toutefois procédé encore à plusieurs paiements subséquents, en fonction aussi de la performance de York CM. La perte paraît suffisamment conséquente pour fragiliser la position de l’actuel responsable de l’unité Asset Management de la banque, Eric Varvel. Il y a dix ans, la décision en faveur de cet engagement avait pourtant été prise par Rob Shafir. L’Asset Management, qui avait subi une chute de son bénéfice au troisième trimestre, a déjà été placé sous revue stratégique pendant 12 mois par le nouveau CEO de Credit Suisse Thomas Gottstein. La création d’une entité séparée (spin-off), voire une vente ne sont pas à exclure.
En plus de l’engagement dans la société York CM, l’Asset Management de Credit Suisse avait amené environ 1% de ses avoirs sous gestion à fin 2019 de 438 milliards de francs. Soit plus d’un quart des avoirs sous gestion de York CM, estimés à 16 milliards de dollars. A leur pic en 2015, ils avaient atteint 26 milliards. Si York CM a décidé de sortir totalement des hedge funds en Europe, il entend néanmoins maintenir ces stratégies en Asie Pacifique. Ces dernières devraient être transférées dans une nouvelle entité, avec des participations tant de York CM que de Credit Suisse. Malgré cette dépréciation, le titre Credit Suisse s’est apprécié mardi.

Plusieurs engagements dans des gestionnaires alternatifs ont échoué

L’ajustement auquel procède Credit Suisse s’ajoute à la liste d’engagements d’établissements suisses dans des gestionnaires alternatifs qui se sont soldés par des échecs. «D’après nos expériences, des transactions de ce type dans le domaine des hedge funds ne profitent presque toujours qu’au vendeur, seulement très rarement aussi à l’acquéreur », note l’analyste de ZKB Javier Lodeiro. Il rappelle les exemples de Julius Bär/Kairos et de GAM/Cantab.

Engagement de York Capital Management dans Ultima Capital confirmé

Selon le PDG d'Ultima Capital Max-Hervé George, l’annonce de l'annulation des options juste après la lettre aux investisseurs de York CM n'a aucun lien. En particulier, elle «n'est pas liée à l’arrêt des hedge funds de York CM en Europe». La participation de ce dernier dans la société suisse s’élève à 7,2%, selon son communiqué de mardi. Max-Hervé George se réjouit au contraire que «cette transaction renforce nos relations avec un acteur majeur de l’investissement international. Il y a eu des négociations entre York CM et les fondateur d'Ultima afin de renforcer nos relations et l'investissement à long terme.» Pour ses résultats au premier semestre, la société n’a guère ressenti de conséquences négatives de la pandémie. Elle a au contraire profité pour compléter son portefeuille, par des acquisitions (The Chesery à Gstaad ou encore Le Grand Jardin face à Cannes notamment). Selon son PDG, son modèle axé sur les locations à des clients individuels très fortunés offre une alternative aux hôtels de luxe d’autant plus intéressante qu’elles sont moins touchées par les mesures sanitaires.