Le groupe Stellantis, né cette année de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, va accélérer sa transition électrique en installant sa troisième usine de batteries en Italie, a annoncé jeudi le patron du groupe.
Après la France et l’Allemagne, «nous avons trouvé un accord avec le gouvernement italien pour qu’il soutienne la transformation de notre usine de moteurs de Termoli», a indiqué le directeur général du groupe Carlos Tavares, lors d’une conférence de presse.
Pour rivaliser avec Volkswagen, qui joue à fond la carte de l’électrique, Stellantis compte investir 30 milliards d’euros dans l’électrification de ses gammes «dans les cinq prochaines années», a précisé Carlos Tavares.
Révolution à venir
La marque allemande du groupe, Opel, sera 100% électrique en Europe d’ici 2028. Opel compte se lancer en Chine avec des voitures électriques également et promet une version à batterie de sa sportive des années 1970, la Manta, pour le «milieu de la décennie», a indiqué son directeur Michael Lohscheller.
Aux Etats-Unis, la marque sportive Dodge promet une «muscle car» électrique pour 2024. Ram lancera la même année la construction d’une version électrique de son pick-up star, le 1500.
Ces annonces surviennent quelques mois après la fusion des deux groupes, mais surtout quelques jours avant une révolution pour l’industrie automobile européenne. La Commission européenne doit en effet proposer mercredi de nouvelles règlementations pour parvenir à la neutralité carbone en 2050 (lire également ci-contre). Selon plusieurs sources, elle envisagerait la suppression complète des émissions automobiles à partir de 2035.
Le constructeur doit produire ses premières batteries en 2023 dans son usine de Douvrin (Nord), avec TotalEnergies.
Le constructeur va également investir 100 millions de livres pour pérenniser son usine historique Vauxhall, dans le nord-ouest de l’Angleterre, en l’orientant vers une production «100% électrique» de camionnettes.
Marge revue à la hausse
Stellantis a également revu à la hausse sa marge nette du premier semestre, qui devrait «dépasser la fourchette de 5,5 à 7,5%» communiquée début 2021, malgré une production plus faible que prévu, a indiqué jeudi le groupe automobile.
«Le groupe s’attend à une performance forte concernant sa marge opérationnelle pour le premier semestre 2021, portée par des prix et un mix produits favorables», a indiqué Stellantis dans un communiqué. «Toutes les équipes de Stellantis ont également répondu avec force aux contraintes de volumes causées par la pénurie de semi-conducteurs, en mettant en oeuvre des mesures de contrôle des coûts très efficaces», poursuit le groupe.
Les flux de trésorerie industriels devraient être négatifs au premier semestre, conformément aux prévisions, a précisé Stellantis. Mais ils devraient être positifs sur l’ensemble de l’exercice 2021, notamment grâce à «un début très prometteur de la mise en oeuvre des synergies» entre les deux groupes.
L’UE prépare l’enterrement des voitures à essence
La voiture essence ou diesel a vécu, l’avenir est électrique. Bruxelles doit proposer mercredi prochain de réduire à zéro les émissions de CO2 des véhicules neufs durant la prochaine décennie pour lutter contre le changement climatique.
Une page d’histoire se tourne. Pendant plus d’un siècle, le Vieux Continent, berceau de marques prestigieuses, a dominé l’innovation automobile. Au coeur de son savoir-faire, des moteurs thermiques considérés comme les plus performants au monde. Mais la voiture, premier mode de déplacement des Européens, est brocardée pour ses émissions de gaz à effet de serre.
Neutralité carbone en 2050
Face à cette urgence, l’UE a durci en 2020 ses objectifs de réduction de CO2 et vise la neutralité carbone en 2050. La Commission européenne doit proposer le 14 juillet de nouvelles réglementations pour y parvenir. Selon plusieurs sources, elle envisagerait la suppression complète des émissions automobiles à partir de 2035.
Les véhicules électriques à batteries étant les seuls à satisfaire cette exigence, ils deviendront de facto les seuls autorisés sur le marché du neuf.
L’Europe a imposé dès 2020 un plafond moyen de 95 grammes de CO2 par kilomètre aux constructeurs automobiles, qui devait être encore abaissé de 37,5% en 2030.
Finalement, la réduction pourrait atteindre 60% en 2030, puis 100% en 2035. Ces chiffres, toujours en discussion, représenteraient une immense contrainte pour une industrie qui devra compter aussi d’ici 2027 sur le durcissement des normes de pollution imposées aux moteurs thermiques.
Essor de l’électrique
Dans un marché globalement en recul à cause de la pandémie de coronavirus, les voitures électriques progressent fortement. Elles ont représenté près de 8% des immatriculations en Europe de l’Ouest sur les cinq premiers mois de l’année, soit 356.000 véhicules, «plus que sur l’ensemble de l’année 2019», selon l’analyste allemand Matthias Schmidt.
Les nouvelles réglementations favoriseront encore plus ces véhicules et pousseront à l’abandon des hybrides et hybrides rechargeables, qui associent moteur essence et batterie. De quoi inquiéter la filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE et qui mise encore beaucoup sur cette «technologie de transition». (afp)