La banque de gestion de fortune Julius Bär a accepté jeudi de payer près de 80 millions de dollars aux Etats-Unis pour lever les poursuites en lien avec un scandale de corruption au sein de la Fédération internationale de football (Fifa).
L'établissement financier a admis devant un tribunal new-yorkais avoir participé au blanchiment, via les Etats-Unis, de plus de 36 millions de dollars destinés à des responsables de la Fifa et d'autres fédérations "dans le cadre d'un stratagème dans lequel des sociétés de marketing sportif soudoyaient des responsables pour obtenir les droits de diffusion de matchs de football", explique un communiqué du ministère américain de la Justice.
Dans un communiqué séparé, Julius Bär a salué la "solution définitive" de cette affaire. Cela constitue un pas supplémentaire dans les efforts permanents de la banque de régler les cas de régulation et juridiques en collaboration avec les autorités concernées.
14 personnes inculpées
En mai 2015, le département américain de la Justice avait inculpé 14 personnes, dont 9 hauts responsables de la Fifa, dans le cadre d'une vaste enquête qui avait notamment conduit à des interpellations spectaculaires au petit matin dans un grand hôtel zurichois.
Ce scandale a ébranlé la puissante organisation sportive et poussé au départ son président Sepp Blatter.
Julius Bär faisait partie des banques dont les noms avaient été cités dans la liste des établissements utilisés pour procéder à des transferts d'argent, des transactions passées à la loupe par les autorités américaines.
Un ex-banquier de Julius Bär, Jorge Luis Arzuaga, avait plaidé coupable en 2017. Il était accusé d'avoir notamment ouvert des comptes au nom de sociétés-écrans et d'avoir ainsi facilité le versement de pots-de-vin à des responsables de la fédération argentine de football.
La banque et ses employés "ont facilité les pots-de-vin et le service de conformité a fermé les yeux sur les signaux d'alerte flagrants de blanchiment d'argent", a déploré Mark Lesko, un procureur de New York.
Selon le ministère de la Justice, la banque "savait que les comptes des clients d'Arzuaga étaient associés avec le football international, ce qui était généralement considéré comme comportant des risques de corruption élevés".
Un de ses dirigeants "a malgré tout ordonné que l'ouverture de ces comptes soit accélérée dans l'espoir que ces clients fourniraient des affaires lucratives", ajoute le ministère dans le communiqué.
Les autorités ont accepté de lever les charges en échange du paiement d'une amende de 43,32 millions de dollars et du reversement de 36,37 millions de dollars, équivalents aux pots-de-vin ayant transité sur ses comptes, ainsi que de l'engagement à respecter les termes d'un accord pendant trois ans.(AWP)