Le numéro deux bancaire helvétique Credit Suisse dévoilera jeudi 29 juillet sa performance au premier semestre. Six analystes ont contribué à l'élaboration du consensus AWP.
FOCUS: le principal enjeu consistera à découvrir l'ampleur des dégâts causés par l'affaire Archegos, un fonds spéculatif américain dont la déroute a déjà couté plusieurs milliards à Credit Suisse, et par les quatre fonds Greensill, du nom de la société britannique d'affacturage en faillite.
A en croire les analystes, la grande banque devrait néanmoins dégager un bénéfice - en nette baisse sur un an - après avoir sombré dans les chiffres rouges entre janvier et mars 2021, subissant une perte nette de 252 millions de dollars. Comme la concurrente UBS, Credit Suisse a dû profiter des opportunités sur les marchés financiers pour croître dans ses activités opérationnelles.
Cela étant, le dommage en termes de réputation subi par Credit Suisse va lui coûter des afflux d'argent frais, prédisent les spécialistes. La division de gestion d'actifs, séparée du reste après l'affaires Greensill, sera particulièrement scrutée à cet égard.
Contrairement au cas Archegos, l'impact financier des fonds Greensill n'est pas encore clair. Credit Suisse pourrait faire l'objet d'actions en justice, plusieurs cabinets d'avocat battant le rappel pour lancer des procédures collectives. La constitution de nouvelles provisions pour litiges apparaît comme un scénario probable.
Dans ce tumulte, on oublierait presque que la banque s'est doté d'un nouveau président en avril. Le Potugais António Horta-Osório a promis un "changement à tous les niveaux". Des annonces portant sur la restructuration stratégique du géant bancaire sont également attendues.(AWP)
POUR MÉMOIRE: la débâcle d'Archegos devrait peser à hauteur de 600 millions de francs sur la performance au deuxième trimestre, selon les indications fournies en avril par la banque aux deux voiles. Au premier partiel, Credit Suisse avait inscrit une perte de 4,4 milliards de francs liée au fonds spéculatif.
Affirmant avoir appris de ses erreurs, la grande banque a annoncé une réduction des risques dans la banque d'affaires, principalement le prêt de liquidités à des fonds spéculatifs, ce qu'on appelle "prime brokerage" dans le jargon financier.
Ce freinage d'urgence pourrait avoir entamé le moral des troupes. L'agence Bloomberg a dénombré le départ d'au moins 30 cadres de Credit Suisse, désireux de voir si l'herbe était plus verte dans des banques d'investissement américaines.
La liquidation des quatre fonds Greensill - également nommés Supply Chain Finance Funds ou SCFF - consiste l'autre chantier en cours chez Credit Suisse. Sur les quelque 10 milliards de francs contenus dans ces véhicules de placements, la banque a récupéré 6,1 milliards et rendu 5,6 milliards aux clients.
Credit Suisse a nommé ce mardi un nouveau directeur de la gestion des risques en la personne de David Wildermuth, un ancien Goldman Sachs qui prendra ses fonctions en février.Le futur responsable aura un rôle-clé, alors que António Horta-Osório a désigné la gestion du risque comme la plus haute priorité après Greensill et Archegos.
COURS DE L'ACTION: plombée par les affaires, l'action Credit Suisse affiche la pire évolution des valeurs vedettes depuis le début de l'année, soit une perte de 17%. En février, le titre avait atteint un pic annuel de 13,50 francs avant de tomber sous la marque de 10 francs après la révélation de la débâcle d'Archegos.(AWP)
