L’invité: Pascal Vandenberghe
Sa fonction: Président-directeur général
Son entreprise: Payot SA
L’année 2022 s’annonce délicate pour Payot SA. Le groupe, qui comprend les librairies du même nom et les magasins Nature & Découverte, vit sur le plan financier «un jeu d’équilibriste», explique Pascal Vandenberghe dans «Be to B», l’émission réalisée par LFM TV et «L’Agefi». Le président et directeur général s’inquiète du ralentissement des affaires.
«On était très bien parti jusqu’à fin février», après deux années très solides, portées par la pandémie qui a favorisé «un vrai retour au livre», rappelle Pascal Vandenberghe. La fin du Covid a aussi permis au groupe de retourner à Berne, grâce à une collaboration avec Orell Füssli.
En 2021, le chiffre d’affaires a atteint 90 millions de francs (76 millions pour les librairies Payot, 14 millions pour Nature & Découverte). Mais avec la guerre en Ukraine, l’inflation, l’énergie, «un climat anxiogène» s’est installé pesant sur les ventes, observe-t-il. Ses coûts, en revanche, augmentent, notamment ceux de l’électricité.
Le groupe aux 400 employés travaille avec presque autant de fournisseurs de courant que de points de vente, plus de vingt au total. Au grand magasin du centre de Genève, le contrat d’approvisionnement arrivait à son terme à la fin de l’année. Pour son renouvellement, le tarif proposé était de «quatorze fois supérieur!», raconte-t-il. Une solution moins coûteuse a pu être trouvée avec une autre compagnie électrique.
Pascal Vandenberghe se bat sur un autre front. Celui de l’importation des livres édités en France. Mi-septembre, il a déposé une plainte à la Commission de la concurrence (Comco) contre le groupe Madrigall, holding de l'éditeur Gallimard. Il s’appuie sur une révision de la loi fédérale sur les cartels pour dénoncer la surmajoration du prix des livres, ainsi qu’une distorsion de la concurrence.
«En dix jours, [la Comco a] non seulement pris connaissance de tous les documents que j’ai joints», mais elle a formulé des questions complémentaires, se réjouit le patron qui y voit «deux bonnes nouvelles. La première, c’est qu’ils traitent relativement vite. La deuxième, c’est qu’à ce stade ils ouvrent le dossier et ils instruisent avant de prendre une décision sur le fond, c’est-à-dire de recevabilité de la plainte.»
Les sociétés visées par Pascal Vandenberghe ne sont pas non plus restées inactives. Dargaud, l’un des distributeurs concernés, a annoncé la semaine passée une baisse de 6,5% des prix de vente conseillés, pour tenir compte du franc fort. L’euro s’est déprécié dans ces proportions depuis juin. Mais le représentant en Suisse de l’éditeur français de bandes dessinées a déclaré à l’ATS que cette décision n’était pas liée à la plainte de Payot.
Pascal Vandenberghe n’a pas cette lecture: «Le fait qu’ils décident de baisser les prix sans, comme en 2015 [lors de l’abolition du taux plancher], nous proposer une compensation de la baisse de marge en valeur, c’est une manière de nous mettre à genoux, ou de tenter de nous montrer que leur diktat sera plus fort que notre volonté.»
Article modifié le 1er février 2023 à 13h30. Dargaud n’appartient pas à Madrigall.
