L’invitée: Sophie Mydske-Moser
Sa fonction: Directrice et associée
Son entreprise: Moser Vernet
La remontée des taux d’intérêt déclenchée par la Banque nationale en juin dernier produit ses effets sur le marché de l’immobilier. Très grands acheteurs lorsque le loyer de l’argent était «négatif ou très faible», les investisseurs institutionnels se tournent à présent «vers d’autres classes d’actifs», constate Sophie Mydske-Moser, directrice et associée de Moser Vernet dans «Be to B». Ce mouvement est «réellement» perceptible depuis quelques mois.
Fin 2022, le Cifi, un cabinet privé, a annoncé une baisse des prix jusqu’à 6,5% des immeubles résidentiels en Suisse d’ici au mois de mars de cette année. A Genève, ces prix devraient cependant se maintenir, poursuit la responsable de l’agence genevoise. Portée par «un solde migratoire positif» et l’arrivée de «nouvelles entreprises», «la demande immobilière reste extrêmement soutenue avec une offre extrêmement limitée», détaille Sophie Mydske-Moser. Pour ces raisons, «on n’anticipe pas de baisse des prix», tout au plus une «stabilisation», voire une «légère augmentation à cause de l’inflation», ajoute-t-elle.
Administratrice des Ports francs et de la banque Raiffeisen de la région Genève Rhône, Sophie Mydske-Moser dirige une entreprise que son père a rejointe en 1976 et qui compte 90 collaborateurs. L’agence immobilière gère un parc de quelque 450 immeubles, exclusivement dans le canton, d’une valeur proche de 5 milliards de francs.
Dans l’immobilier de bureaux, la demande reste aussi soutenue, malgré le passage au télétravail de nombre d’employés. Sophie Mydske-Moser se dit «étonnée», alors qu’elle s’attendait à ce que certains loueurs réduisent leur surface. A la place, «ils ont plutôt transformé une partie des espaces libérés par les places de travail des collaborateurs qui étaient en home office [pour en faire] des surfaces d’échange, des cafétérias, bien aménagées [ou encore] des sortes de »booth« dans lesquels on est comme dans un petit cocon. Parce qu’avec ces open spaces, on n’a parfois pas le calme pour travailler ou passer un appel sans déranger les autres», ajoute-t-elle.
Epaulée par son frère Henri, également associé, tout comme Stéphane Jaggi et son père François, la directrice ne voit pour l’instant pas d’avenir pour Moser Vernet en dehors de Genève. Plus petite que les DBS, Comptoir immobilier, Bernard Nicod et autre SPG, l’agence estime que «l’avenir, c’est vraiment l’indépendance. Et essayer de conserver sa marge dans un marché extrêmement compétitif», souligne Sophie Mydske-Moser.