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«Notre fonds de soutien Covid vise à étayer les efforts d’inclusion financière que nous déployons depuis 20 ans»

Le gérant d’actifs d’origine genevoise BlueOrchard intensifie sa collaboration avec Schroders, son actionnaire principal, et va notamment lancer un fonds visant à réduire les répercussions de la Covid sur les entrepreneurs des pays émergents. Entretien avec le nouveau CEO Philipp Müller.

«Ce fonds s’adresse avant tout aux banques de développement et aux fondations, de par son profil risque/rendement plus élevé que nos autres fonds», souligne Philippe Müller, CEO de BlueOrchard.
«Ce fonds s’adresse avant tout aux banques de développement et aux fondations, de par son profil risque/rendement plus élevé que nos autres fonds», souligne Philippe Müller, CEO de BlueOrchard.
22 octobre 2020, 17h55
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Le gérant d’actifs BlueOrchard, d’origine genevoise mais basé à Zurich, compte parmi les pionniers de la microfinance et de l’investissement d’impact avec Symbiotics, basé à Genève, et la société zurichoise responsAbility. La prise de participation majoritaire du groupe britannique d’asset management Schroders dans BlueOrchard, finalisée en octobre 2019, doit permettre de démocratiser l’investissement d’impact, qui poursuit des objectifs de développement social et environnemental dans des régions ou pour des populations défavorisées. Tout en procurant un rendement financier intéressant aux investisseurs. Entretien avec Philipp Müller, CEO depuis le 1er avril de BlueOrchard, qui gère plus de 4 milliards de dollars. Qu’est-ce qui a changé dans la stratégie de BlueOrchard depuis la prise de participation majoritaire de Schroders en octobre 2019 ? La prise de participation a donné lieu à une collaboration plus intense, en particulier dans la mise au point de nouveaux produits, et à un transfert de savoir-faire de BlueOrchard à Schroders dans le domaine de l’investissement durable et de l’impact investing, de manière à favoriser la démocratisation de l’investissement d’impact. La société n’en reste pas moins indépendante et fidèle à ses racines de pionnière de la microfinance et de l’inclusion financière. A cet égard BlueOrchard a développé des méthodologies propres. Ce qui lui vaut de siéger au Conseil consultatif des Principes pour la gestion d’impact de l’IFC, l’agence de financement de la Banque mondiale. Une analyse de Rothschild AM fait état d’une bataille pour le leadership mondial dans la finance durable, avec d’une part la publication par l’UE de sa taxonomie verte et, de l’autre, l’offensive du monde anglo-saxon et de l’IFRS pour fédérer en écosystème les initiatives globales en matière de reporting... Les évolutions réglementaires contribuent, je crois, à la formation d’une économie durable. Et celle-ci va dépendre de la taxonomie de l’UE qui va certainement soutenir nos activités dans les obligations vertes et dans les obligations à impact. Dès lors que la réglementation favorise une économie durable, elle est positive. Il est cependant important aussi, à mon sens, qu’une standardisation se dégage au niveau du reporting, mais je pense que cela va prendre du temps. Il ne faut cependant pas s’attendre, selon moi, à une bataille comme celle qui a opposé autrefois des systèmes vidéo concurrents. Idéalement, ces évolutions devraient plutôt se compléter. Vous prévoyez de lancer, avec le concours de Schroders et d’autres investisseurs, un véhicule d’investissement visant à réduire les répercussions de la Covid-19 sur les entrepreneurs des pays émergents... Nous prévoyons en effet de lancer dans les prochains jours ce fonds de soutien BlueOrchard Covid-19 Emerging and Frontier Markets MSME destiné aux investisseurs qualifiés. C’est un projet qui nous tient d’autant plus à cœur que les petits entrepreneurs des pays émergents et des marchés frontières ne disposent pas de mesures de soutien aussi amples que celles mises en place dans les pays développés pour faire face aux répercussions économiques de la pandémie. Le processus se déroule en deux étapes, la stabilisation des institutions financières - établissements de microfinance, banques, ONG et autres sociétés privées - et l’octroi par ces dernières de liquidités aux entrepreneurs. Cette initiative est aussi importante à nos yeux pour étayer l’effort d’inclusion financière que nous déployons depuis vingt ans, afin que cet effort ne soit pas compromis par la pandémie. Le moment choisi pour lancer ce fonds est-il encore opportun, plus de six mois après l’éclatement de la crise ? Nous aurions voulu être prêts plus tôt mais il nous a fallu du temps pour mettre au point ce mandat complexe impliquant diverses banques de développement et je crois que nous l’avons fait en un temps record. Ce genre de programme relève malheureusement davantage du marathon que de la course de sprint. A quel type d’investisseurs s’adresse ce fonds ? Ce fonds s’adresse avant tout aux banques de développement et aux fondations, de par son profil risque/rendement plus élevé que nos autres fonds. Nous prévoyons en outre de lancer très prochainement un véhicule d’investissement obligataire, BlueOrchard Sustainable Assets, centré sur les infrastructures dans les marchés émergents et destiné uniquement aux investisseurs qualifiés. Autrement dit dans un domaine obligataire sur les marchés émergents dans lequel nous sommes actifs depuis une vingtaine d’années, au travers par exemple de notre initiative InsuResilience - avec un fonds de private equity et un fonds obligataire - qui visent à protéger les personnes vulnérables contre les effets du changement climatique.