Le négociant en matières premières Mercuria a été victime d'une fraude, après qu'une cargaison de cuivre a été substituée par des pierres peintes, vraisemblablement dans un port turc. Le préjudice se monte à plusieurs dizaines de millions de dollars. Une quinzaine de personnes ont été arrêtées.
En juin dernier, le géant basé à Genève s'est porté acquéreur de 6000 tonnes de cuivre auprès de Bietsan, un fournisseur turc avec qui il avait déjà fait affaire, pour 36 millions de dollars. La cargaison, répartie sur 300 containers, a ensuite été acheminée par huit navires en Chine, pouvait-on lire mercredi sur le site de Bloomberg. La substitution du cuivre par de la pierre peinte n'a été constatée qu'à l'ouverture des containers, dans le port de Lianyungang.
Apparemment, la fraude a eu lieu dans un port à proximité d'Istanbul. Mercuria a engagé différentes procédures judiciaires, notamment contre Bietsan, auprès de la justice turque et d'un tribunal arbitral britannique. "Des personnes suspectées d'être impliquées dans les rouages de ce crime organisé contre Mercuria ont été arrêtées", a indiqué le négociant genevois dans une prise de position écrite citée par Bloomberg.
Containers inspectés et scellés
Selon l'avocat de Mercuria en Turquie, c'est bien du cuivre qui aurait été chargé dans une première série de containers, qui avaient été inspectés par une entreprise externe puis scellés. De nuit, la cargaison a été remplacée par des pierres peintes pour ressembler au métal semi-raffiné, et les containers refermés avec des sceaux contrefaits.
"Il y a eu une demande d'enquête criminelle de la part de l'acheteur à l'encontre du vendeur et de deux intermédiaires", a indiqué la police turque, qui a d'ores et déjà caractérisé l'incident comme le "résultat d'une fraude perpétrée de manière organisée".
Normalement, une entreprise peut dans un cas de non-livraison, faire valoir des prétentions auprès de l'assureur de la cargaison. Mais Mercuria a découvert que sur les sept contrats utilisés par la société turque six étaient des faux.
Lors d'une série de descentes de police, 13 fraudeurs présumés ont été arrêtés, dont certains ont depuis été placés en résidence surveillée. Des audiences sont attendues à partir de cette semaine, selon Bloomberg, qui souligne la vulnérabilité des négociants en matières premières à ce genre de déconvenues, rappelant que Mercuria avait constitué des provisions en 2014 et 2015 pour couvrir des pertes potentielles après la saisie par les autorités chinoises de métal dans le port de Qingdao. (awp)