Medacta a enregistré une croissance à deux chiffres de son carnet de commandes au cours des trois derniers mois écoulés, soit de juin à août. Le concepteur de dispositifs médicaux, coté sur SIX depuis avril 2019, est pourtant resté prudent lundi pour le second semestre.
«Même si l’essor récent des ventes est encourageant, la rapidité et l’ampleur de la reprise au deuxième semestre vont dépendre largement de l’évolution de la pandémie Covid-19 sur les marchés clés, ce qui reste actuellement imprévisible» a commenté Francesco Siccardi, le CEO de la medtech tessinoise, lors de la présentation, lundi, des résultats et des perspectives aux investisseurs. La société n’a pas formulé de prévisions à court terme mais estime que les fondamentaux à moyen et long terme n’ont pas changé alors que plusieurs activités sont en position de renouer avec un plein essor au second semestre et au-delà.
Valorisation ambitieuse
Cette reprise des commandes a déjà été bien anticipée par l’action Medacta. Celle-ci a porté en effet à plus de 21% le gain enregistré depuis le début de l’année, compte tenu d’une hausse de 4,9% à 87,80 francs lundi en fin d'après-midi. Ce qui confère à la société une valorisation élevée de 1,7 milliard de francs, soit 28 fois les bénéfices attendus par le consensus pour 2021. Le cours se situe ainsi 9% en dessous de son prix d’émission de 96 francs le 4 avril. 2019. Morgan Stanley a confirmé lundi matin sa position neutre sur le titre, avec un objectif de 86 francs.
Bénéfice net semestriel en recul de 14%
Medacta a annoncé lundi que le bénéfice net au titre du premier semestre 2020 s’est établi à 9,7 millions d’euros, en recul de 14% par rapport au premier semestre 2019. La marge brute a fléchi à 93,9% (111,6%), à la suite du recul des revenus durant la période de confinement, d’amortissements plus élevés en pourcentage des revenus, et d’une tendance des prix à la baisse sur la plupart des marchés.
Malgré une marge brute en dessous des attentes, la marge d’excédent brut d’exploitation EBITDA s’est améliorée à 23,6% (22,1%). Ajustée des charges non récurrentes et des provisions pour litiges un an plus tôt, la marge brute normalisée s’était cependant établie à 31,9% au premier semestre 2019. Ce facteur met en évidence les risques continus de litiges, sur les brevets notamment, auxquels est exposé Medacta selon l’analyste de Morgan Stanley.
Le défi de la robotique
A son gré, la société risque d’être amenée à devoir lutter pour rester compétitive en cas de changement de la demande de la clientèle, au vu des investissements élevés consentis par ses concurrents dans la robotique.
La medtech contrôlée par la famille Siccardi (à hauteur de près de 70%) avait néanmoins marqué un point clé à la mi-juillet en annonçant avoir reçu le feu vert de la FDA pour la première plateforme chirurgicale à réalité augmentée approuvée pour les procédures d’arthroplastie totale du genou. L’objectif majeur de cette application est d’améliorer l’efficacité et la précision des opérations avec un faible investissement initial requis pour la clientèle hospitalière.