La Banque nationale suisse (BNS) a indiqué vendredi qu’elle anticipait un bénéfice d'environ 21 milliards de francs au titre de 2020. Rapporté au PIB national d’environ 700 milliards, «le bénéfice de la BNS représente 3%, ce qui est tout de même important», estime Gero Jung, chef économiste de la banque Mirabaud. Un montant qui passe rarement inaperçu et suscite son lot de débats.
Les positions en monnaies étrangères ont permis un gain de 13 milliards de francs, selon les chiffres provisoires de la BNS. «On parle ici des investissements dans les obligations et les actions étrangères», précise Gero Jung. Et la BNS place 80% de ses actifs dans des obligations, dont 70% d’obligations d’Etat. «Or le prix de la majorité des obligations d’Etat considérées comme «sûre» a fortement augmenté durant la crise en 2020. C’est la hausse des obligations d’Etat qui a porté les résultats financiers de la BNS. Dans ce genre de situation, les gens se ruent sur des titres, comme la dette souveraine américaine ou le Bund allemand, qui sont dans le portefeuille de la BNS», estime-t-il.

Bonne performance des placements en actions à l’étranger
L'institut d'émission a aussi pu bénéficier de la bonne résilience du marché boursier avec des placements en actions à hauteur de 20%. «Les marchés étrangers, notamment notamment les actifs risqués américains, ont permis des gains importants», souligne l’économiste de Mirabaud.
L’autre moteur de 2020 pour la BNS a été l'inflation de l'or, un facteur qui a souvent une influence marqué sur son bénéfice. Avec une progression de près de 25% sur un an, la valeur des réserves de métal jaune a grimpé de 7 milliards de francs. Enfin, les positions en francs ont affiché un gain d'un peu plus d'un milliard.
«La tâche principale d’une banque centrale n’est pas de générer des bénéfices»
Ces résultats financiers permettent à la BNS de redistribuer quatre milliards à la Confédération et aux cantons, selon la convention conclue en 2016 avec le Département fédéral des finances. Gero Jung se montre surpris par les suggestions d’utiliser les fonds de la Banque nationale pour rembourser les dettes contractées dans le cadre de la crise du coronavirus.
«Ce n’était pas inattendu de voir des politiques demander toujours plus de redistribution. Mais la tâche principale d’une banque centrale n’est pas de générer des bénéfices. Ce n’est pas son mandat, rappelle l’économiste. Les politiciens sont toutefois libres de penser comment les montants distribués doivent être utilisés, y compris pour réduire les dettes liées au coronavirus.»