Blanchisseries et sociétés de nettoyage à sec tirent la sonnette d’alarme. Faute de liquidités, plus de la moitié d’entre elles risquent de mettre la clé sous la porte ces prochains mois, d’après un sondage de l’Association suisse des entreprises d’entretien des textiles (Aset).
L’organisation, qui compte 150 membres, a envoyé lundi une lettre au Conseil fédéral pour faire entendre sa voix. «Nous voulons être inclus dans le dispositif d'aide économique qui doit être annoncé mercredi par le gouvernement», précise sa secrétaire, Melanie Saner. Et d’ajouter: «Nous parlons beaucoup de l’industrie hôtelière, du secteur de la culture et des loisirs, tout en oubliant leurs sous-traitants. La situation est difficile pour tout le monde, y compris pour les entreprises indirectement touchées par les mesures sanitaires. Sans soutien politique supplémentaire, beaucoup de sociétés actives dans le nettoyage devront fermer leurs filiales et bureaux.»
Blanchisseries et nettoyeurs à sec souffrent tout particulièrement de la fermeture des restaurants et de la baisse de fréquentation des hôtels. A cela s’ajoute l’absence de grandes manifestations privées, ce qui signifie ni vêtements de cérémonie, ni habits professionnels pour le personnel de traiteur à fournir. Le télétravail implique enfin une baisse des nettoyages de chemises et de costumes.
Licenciements et chômage partiel
Pour faire face aux conséquences économiques du coronavirus, 81% des firmes interrogées par l’Aset ont eu recours au chômage partiel. Et plus d’un quart d’entre elles ont dû licencier. Près de 20% des entreprises ont par ailleurs fermé des succursales. Pour se financer, 40% d’entre elles ont contracté un crédit Covid. Le report des investissements a lui aussi concerné 40% des sociétés.
Pour l’Aset, les RHT et les APG déjà versées ne suffisent plus. «Outre les frais de personnel, il reste à payer les loyers, les factures d'électricité, l'entretien des machines et les frais administratifs. En raison des faibles volumes, les entreprises ne travaillent plus de manière rentable. Et même des sociétés saines finissent un jour par épuiser leurs réserves», souligne-t-elle dans sa missive adressée au Conseil fédéral.
«Rester debout»
La blanchisserie de la Vallonnette à Lausanne appelle aussi à un coup d’accélérateur. Son activité dépend à 90% de l’hôtellerie et de la restauration. «Il est très difficile de rester debout et de venir travailler le matin», confie sa responsable, Anna Stocchetti. Cette dernière s’est résolue à mettre ses collaborateurs au chômage technique. «Physiquement, psychologiquement et émotionnellement, c’est dur mais pas uniquement pour mon secteur d’activité», poursuit-elle. La cheffe d’entreprise pense notamment à toutes les PME qui dépendent de la restauration comme les vignerons encaveurs et les autres métiers de la bouche.
Ce printemps, au plus fort de la première vague du coronavirus, la patronne a reçu une aide rapide de la Confédération. Son propriétaire a aussi fait un geste financier au niveau de son loyer. Aujourd’hui, à part les RHT, elle ne touche plus aucune aide.
Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), la branche du nettoyage des textiles emploie environ 7000 personnes. S’il n’existe pas de données sur son chiffre d’affaires global, elle se compose de micro-entreprises de deux à trois collaborateurs et de grandes sociétés.